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lundi 29 décembre 2008

826 - La vieille

La vieille n'avait pas de nom, pour tous c'était une ombre.

Depuis une éternité on la voyait passer au coin de la rue, ou plutôt on ne la voyait plus. Avec son dos cassé, sa face blanche, ses doigts comme des crabes elle faisait partie du cadre. La vieillarde se confondait avec les lézardes des murs qu'elle rasait.

Pour tous, elle avait toujours été âgée. Approchant les cent ans, elle avait vu patauger dans leurs couches la moitié des gens qui l'entouraient.

Il est vrai que quand un septuagénaire nous voit naître et qu'il devient centenaire, nous grandissons avec un arbre qui semble avoir toujours été ridé... Du berceau à la force de l'âge, nous ne voyons chez lui que des cheveux gris.

Enfin, ce spectre familier ne semblait pas avoir vraiment eu d'histoire. De plus en plus pâle, constamment courbé, jamais gai, qui aurait pris la peine de l'écouter ? On l'appelait "la vieille" et on lui prêtait une existence de fantôme. Et pourtant... Cette chose affreuse avait aimé, autrefois. De son vrai nom Bertrande, "la vieille" avait traversé le siècle presque à l'insu de ses contemporains, repliée sur son chagrin.

Son secret, son grand, terrible secret d'amour se résumait à une humble et bien banale tragédie : elle avait perdu son fiancé dans les tranchées de la "14".

Il s'appelait Lucien mais peu importe. Mort depuis 80 ans. Devenu stèle lointaine, statue radieuse et diamant noir tout à la fois dans l'âme trop pure de l'éplorée... Une vraie lumière dans son coeur. Enfouie sous le silence, les pleurs et les rides.

Le souvenir de Lucien l'avait tenue en vie depuis tout ce temps. Ou peut-être plus morte que vive.

C'était ça son jardin secret à la "vieille". C'était Lucien.

Lucien l'anonyme. Son amour, son joyau, ses larmes, son trésor, son drame de "vieille" qui passait silencieuse au coin de la rue.

samedi 27 décembre 2008

825 - L'écologie et ses abus de langage

Je suis d'accord avec le souci général actuel de l'écologie, à condition de ne pas tomber dans l'excès inverse, à savoir ne voir le salut QUE dans l'écologie. Et ne pas se faire piéger par les formes du langage. Ainsi on appelle une voiture "propre" une voiture consommant PEU de carburant. Mais est-ce que produire PEU de pollution c'est être "propre" ?

Et puis produire "peu" de polluant, certes cela est bien mais par rapport à quel critère ?

Le seul critère actuellement en vigueur pour qualifier une voiture "propre", c'est la référence aux anciennes voitures qui elles consommaient plus... PLUS, MOINS : des termes arbitraires qui, tels quels, ne signifient rien.

Une voiture actuelle qui pollue, même si elle pollue moins qu'une voiture d'il y a dix ans n'est pas une voiture propre. Le raisonnement est exactement le même que dans cette publicité qui dit "CONSOMMEZ CINQ FRUITS ET LÉGUMES PAR JOUR". Ce qui a peu de sens. Manger cinq fruits par jour cela peut être aussi bien cinq cerises que cinq pastèques ou cinq bananes... Pour la pollution c'est la même chose : une "VOITURE PROPRE" est un abus de langage entretenu par des journalistes et des hommes politiques sachant orienter les esprits avec des termes choisis. Et puis prenez deux voitures "propres" : elles pollueront autant qu'une seule voiture "pas propre". Si on fabrique des voitures "propres" pour inciter à augmenter le parc automobile, quel sens cela peut-il avoir puisqu'au final la pollution due à l'incitation à rouler plus et à fabriquer plus de voitures dites "propres" sera la MÊME, voire pire ?

Croire ou ne pas croire à l'énergie propre est un faux problème.

Le vrai problème est qu'à partir du vingtième siècle avec l'essor des sociétés industrialisées et grâce à l'abondance du pétrole les Dupont ont eu accès au moteur thermique à explosion.

De là des besoins futiles, superflus, ludiques, purement culturels, voire suscités par de simples impératifs inhérents à la mode ont été créés avec l'avènement du moteur à explosion à la portée de tous (et même des chômeurs) : faire sa promenade dominicale, aller chercher les enfants à l'école, amener le chien chez le vétérinaire, partir en vacances, etc.

Aujourd'hui, après des décennies de ces habitudes de luxe, ces "besoins essentiels" liés à la voiture sont devenus dans nos têtes des nécessités quasi naturelles et même des droits revendiqués par les plus pauvres. Comme si posséder une voiture était un impératif... En être privé est d'ailleurs ressenti par la plupart d'entre nous comme une atteinte à sa dignité d'occidental.

Le principe est le même en ce qui concerne les produits alimentaires vendus en grands surfaces. Avant l'avènement des grandes surfaces il y a quarante ans, les prix des aliments étaient légèrement supérieurs aux prix des produits industriels actuels. C'étaient les prix normaux. Sont arrivées les grandes surfaces qui ont fait baisser les prix des produits alimentaires en baissant leur qualité en même temps. Les générations élevées avec ces grandes surfaces et nourries aux produits industriels s'imaginent que ce qu'ils ingurgitent depuis toujours à prix démocratique est la norme en terme économico-qualitatif...

Après quarante ans de despotisme des produits industriels à bas coûts imposés par les industriels à notre société avide d'économie alimentaire, nous revenons peu à peu aux produits d'avant l'avènement des grandes surfaces, produits qui étaient tous "bio" par définition. Rappelons que le terme "BIO" est récent et désigne tout bêtement un produit alimentaire sain et de qualité issu du jardin ou de la ferme sorti de terre de manière traditionnelle, sans la "protection" et l'aide de produits chimiques. Un produit sorti d'une terre saine tout simplement, avec la seule "huile de coude" du fermier selon la méthode classique millénaire, et non avec des béquilles chimiques. Ce mode de production "naturel" de qualité mais sans protection chimique entraîne nécessairement un certain taux de pertes, mais cela est NORMAL dans l'agriculture traditionnelle (agriculture dite "bio").

C'est notre mentalité contemporaine polluée par l'idée stupide de rentabilité, de performance appliquée jusque dans la croissance des produits agricoles qu'il faut remettre à l'heure. C'est cette mentalité qui a déréglé nos jugements. Nous ne trouvons plus normal ces taux naturels de pertes dans la culture traditionnelle et trouvons normaux tous ces produits de qualité médiocre que nous consommons depuis notre naissance. Nous n'avons jamais connu les produits "bio" d'avant l'avènement des grandes surfaces qui se sont mises à initier et diffuser les produits alimentaires industriels, notre seule référence est le produit industriel de qualité médiocre.

Pour le consommateur, afin de passer des produits industriels aux produits dit "bio" il faut qu'il revoie les prix à la hausse. C'est là qu'est le coeur de l'affaire. C'est un raisonnement bien fallacieux que de prétendre que les produits "bio" sont chers. Les prix des produits dit "bios" sont parfaitement normaux. C'est le prix que les gens ont payé de tous temps.

Jusqu'à l'arrivée des grandes surfaces.

Ce sont les prix des produits de piètre qualité qui ont été baissés depuis l'avènement des grandes surfaces et non les prix des produits sains qui ont été augmentés (ensuite qu'il y ait des abus dans l'excès des prix sous prétexte du label " bio" est une autre affaire).

Pour l'énergie "propre", le raisonnement est du même ordre d'idée. L'industrie triomphante a offert ces joujoux polluants que sont les voitures à chaque citoyen moyen. Ce qui à persuadé les foules des sociétés nanties que la voiture était un bien de consommation naturel accessible au moindre envieux au même titre que la tomate "industrielle" caoutchouteuse et sans goût est considérée par ces mêmes consommateurs comme un produit démocratique de base, ignorant parfaitement le goût des tomates traditionnelles... Leur seule référence gustative étant leur expérience post-industrielle.

Ainsi pour en revenir au problème de l'énergie propre, on a gavé les citoyens moyens de bonbons et de joujoux dont il pouvaient parfaitement se passer. Aujourd'hui se pose le "problème" du droit à l'énergie pour tous. Et ce problème qui est un faux problème est âprement discuté dans des sommets mondiaux dédiés à cette cause... Voilà où nous en sommes arrivés actuellement.

La vraie solution au problème de l'énergie propre serait de déshabituer le mouton nanti contemporain de son herbe artificiellement teintée de vert et de lui faire découvrir les traditionnels pâturages dont il ignore depuis sa naissance la naturelle couleur, la réelle saveur, l'authentique tendreté.

Tout le reste n'est que considérations faussées par des vues sans hauteur et des besoins qui n'en sont pas.

lundi 22 décembre 2008

824 - Troublant trou blanc

Les oeuvres immortelles de Victor Hugo ne sont plus qu'une cendre anéantie de non-souvenir, les pyramides de l'Égypte sont sur le même plan que le braiment des ânes et le cri des hommes qui ont participé à leur construction.

D'ailleurs l'Égypte n'est plus l'Égypte depuis 100 000, voire 200 000 générations humaines.

Rimbaud est plus léger que l'ombre de la Lune noyée dans le rien, dans le vide, dans le tout qui lui-même se retrouve dans la queue de la galaxie au nom déjà oublié...

Les républiques sont des royaumes et les royaumes sont des parenthèses entre deux particules de poussière. Et chaque atome composant cette fumée est comme autant d'empires. Tout se vaut et plus rien ne vaut, l'insignifiant a le prix de l'infini et ce qui est immense est comparable au plus éphémère de tous les phénomènes existants. Mille étoiles naissantes sont aussi dérisoires qu'une seule molécule de carbone et une étincelle d'hydrogène peut enflammer 10 000 océans de glace. Un éclair pèse 300 000 soleils et chaque soleil émet cent mille milliards d'éclairs chaque seconde pendant trois milliards d'années. La pensée vaut la matière et toute la matière une seule pensée.

Que s'est-il passé pour en arriver là ? Rien, ou si peu de choses...

Tout simplement, cinq milliards d'années se sont écoulées depuis la naissance sur Terre de Napoléon, de Jésus Christ et de Firmin Marteau.

La planète Terre et ses soeurs du système solaire unies au soleil dans un même crachat cosmique ne forment plus qu'une brume sidérale errant à travers la Voie Lactée.

Victor Hugo, le soleil, l'Arc de Triomphe, Saturne, Mars, Pluton, les cafards, l'empire romain, l'écologie, le réseau Internet, les musées, la philosophie grecque, l'art musulman, les papillons : tout est retourné au niveau du zéro absolu sur le grand compteur cosmique.

jeudi 18 décembre 2008

823 - La gloire de la beauté

La beauté me galvanise, me purifie, m'élève.

L'harmonie des formes et la féerie de la vie, la majesté du cosmos et la symphonie des ondes, l'esthétique des choses et le mystère des êtres, l'éclat des hauteurs et la grâce des traits sont autant de muettes tempêtes qui submergent l'esthète, émerveillent l'humain, ébranlent le mortel que je suis.

Le Beau, plus que la souffrance, l'ombre ou la volupté me fait prendre conscience qu'une cause suprême nous gouverne : un principe supérieur qui répand dans toutes les directions ses rayons de vérité. La beauté est la manifestation du vrai. Même l'excrément, la charogne et la vermine qui nous semblent répugnants, vils, immondes sont en vérité de glorieux témoignages du génie céleste qui fait des roses avec de la merde, des bébés avec de la pourriture et des étoiles avec de la cendre.

La beauté bouscule l'Univers, allège les lourdauds, fait frémir le marbre, chavirer les astres. Et sauve les abrutis.

La beauté est la nourriture des coeurs sensibles, la respiration des esprits nobles, l'ivresse des âmes éveillées.

Signe tangible des éclats de l'invisible, efflorescence du Ciel, Lumière faite chair, son, caillou, herbe, diamant, humus, brume, flamme, visage, la beauté procède de la dignité divine : c'est non seulement un hymne à la gratuité mais encore la gloire du superflu.

822 - Qu'est-ce que la littérature (izarrienne) ?

La littérature c'est la crème de l'écrit, la crête des textes : le meilleur de la plume.

Comprenons-nous, l'oeuvre de l'écrivain telle que je la définis n'est pas le roman de A à Z avec ses digressions, ses détours, ses détails -superflus ou non-, ses longueurs, ses anecdotes, ses nuits et ses clartés, ses maladresses et ses voyages sans fin, ses médiocrités et ses éclats sans fond, ses artifices et ses petits mots immortels... La Plume c'est tout simplement le sommet des lettres, l'extrait le plus savoureux, sa partie la plus fine, la plus délectable.

L'exemple le plus éminent de ce que sont les hauteurs du verbe -et cela fera sans doute bondir les puristes et les érudits- se trouve dans nos manuels scolaires. Ce que l'on appelle les "livres de lecture". Là sont les morceaux les plus fins issus des plus nobles fruits. Accessibles à tous. Simplicité, clarté, authenticité sont les grandes vertus de cet art que de mauvaises ou bonnes langues nommeront "de base". Les plus grands maîtres ont produit leurs chefs-d'oeuvre non dans les tourments de l'inspiration morbide et de la réflexion tortueuse mais dans la joie et la facilité.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les joyaux de cette "musique de base" se retrouvent dans nos cartables d'écoliers. J'ai abordé, connu, sondé et même parfois appréhendé d'une intuition fulgurante de grands auteurs classiques à travers les fragments les plus éclatants de leurs oeuvres publiés dans les livres d'apprentissage scolaire.

Mes productions izarriennes sont exactement à l'image des pépites que l'on trouve dans les livres scolaires. Depuis toujours j'ai choisi d'écrire non pas des fleuves mais des ruisseaux. Mon histoire intitulée "Tante Jeni", pour prendre un exemple parmi d'autres, pourrait être la perle remontée d'un long et ennuyeux manuscrit. C'est comme si j'avais épargné à l'amateur de belles lettres le fastidieux plongeon dans un pavé pour lui livrer ce qui aurait été l'écume et le sel de l'ouvrage. Ne nous leurrons pas : ce que l'on retient des fresques livresques ce ne sont pas les monotonies mais les sommets. Et le génie de l'artiste, c'est cela précisément : atteindre les nues.

La richesse d'un livre n'est pas dans sa totalité mais dans son essence. L'auteur n'écrit pas de l'or à chaque ligne sur deux cents pages. Il écrit cent pages banales, cinquante excellentes, quarante-sept mémorables et trois immortelles. Est-il utile de s'engager dans un chemin de cent quatre-vingt dix sept pages pour n'en retenir que trois ? Certes on trouvera du plaisir à lire un monument dans sa totalité. Plus que le simple et indolent plaisir des volumes mollement absorbés, plaisir nécessairement dilué à travers les pages, avec mes "fleurs de livres" je m'efforce de faire naître des étincelles dans la tête du lettré. En lui offrant non pas cent quatre-vingt dix sept pages de qualité inégale mais les fameuses trois pages en or. Ce que j'appellerais l'ivresse immédiate, pure, non diluée.

La neige des cimes : voilà ce que sont mes créations. Ainsi définissé-je l'Olympe textuelle. Et c'est ce que je propose aux esthètes à travers mes compositions.

dimanche 14 décembre 2008

821 - La fête des porcs

Les fêtes de Noël et du nouvel an approchent avec leurs lots d'immortelles imbécillités.

De quoi satisfaire les incorrigibles abrutis de la Terre.

Je ne trouve aucune excuse aux victimes consentantes de cette annuelle mascarade, aux adeptes convaincus de ces sempiternelles libations gastronomico-rien-du-tout. Pas même celle de la cause enfantine. Surtout pas cette excuse !

L'homme du commun me fait pitié, me dégoûte, m'afflige. Le vulgaire qui affectionne tant la nullité, la bassesse et la bêtise ne mérite de ma part que mépris. Mais un mépris salutaire, pédagogique, rédempteur car, contrairement à ce que mes sentiments faussement misanthropes pourraient laisser croire, je ne désespère pas de ceux qui, de par leur nature humaine, sont nécessairement nés avec un potentiel stellaire.

L'âne bipède empêtré à ce point dans son fumier est-il encore apte à l'élévation ? Certes je le crois. Sinon je ne lui assènerais pas mes coups de bâtons izarriens, inlassablement. Je suis un saint. En faut-il de la patience, de la force, de la foi dans les hauteurs pour supporter les braiments de mes frères humains ! En tant qu'esprit supérieur je me dois de dénoncer la criminelle ineptie de mes semblables. Mon prochain est un porc. Et je souhaite redonner sa dignité à mon contemporain déchu.

Je ne demande pas à ces dégénérés de fin d'année qu'ils soient parfaits, vertueux, sans défaut. J'aimerais juste qu'ils sachent qu'ils sont des porcs.

Simplement leur ouvrir les yeux.

Ne serait-ce pas le plus beau cadeau de Noël que nous les beaux esprits nous aimerions faire aux hommes ?

Alors je dis : joyeuses fêtes de fin d'année les porcs !

mardi 9 décembre 2008

820 - Ma muse

Ma muse se repose dans l'immensité entourée de vagues, étendue avec volupté, comme morte entre le ciel et l'écume.

C'est une sirène échouée sur un lit de pierres et de coquillages. L'île est couverte de bois et de quelques cendres .

Ma muse ne s'amuse plus avec moi. Maintenant, elle dort. Rêve-t-elle ? Je ne sais. Mais je crois que oui. Ma plume est sereine, rien n'agite ni mon coeur ni mon âme et je ressemble à la Lune qui songe en silence, mollement dans le firmament... Ma muse au loin ne bouge plus. Elle respire doucement, la tête pleine de mirages olympiens : elle dort et je suis sûr à présent que son âme est peuplée des chimères du sommeil.

La lyre entre mes doigts se tait, inquiète et charmée. Le bonheur subtil de la vision de ma muse me suffit. Le mystère remplace les sons de mon luth. Mes vers et mes rimes ne servent à rien, ma muse est endormie dans l'île lointaine perdue au milieu des flots et des tempêtes.

Mais je vois ma muse qui s'éloigne dans les brumes marines... Son image se mêle aux fumées de l'horizon, elle va en s'estompant et avant de disparaître tout à fait je discerne encore les vagues formes d'une vénusté qui bientôt n'en est plus une : à la place de ma muse, sur la plage morte vient agoniser, blanche, flasque, délicate, étrange, fantomatique, une...

Méduse !

mercredi 3 décembre 2008

819 - Le mot traître

Je ne suis pas le maître des mots, je n'en suis que le mètre : je prends la mesure de ce qui est bref et de ce qui est long, jauge ce qui est petit et ce qui est gros, juge ce qui pue et ce qui sent bon, pèse ce qui est lourd et ce qui est léger, et surtout assaisonne de chiffres utiles ce qui en est dépourvu.

Je ne suis que les numéros des pages, les majuscules des titres, l'espace entre les paragraphes.

Et le prix des ouvrages.

Ce qui est peu et énorme, insignifiant et essentiel.

Pour les maîtres qui en font des vers à pieds, mettre les mots sous verre est capital : le dictionnaire est ma seule loi. Rien de minuscule ne m'échappe. Certains prétendent que sous prétexte que je ne suis pas le maître des mots, je les mets à Anvers... Faux ! C'est leur tête d'écrevisse qui est dévissée... Les gens de l'Ain, de Sète et de Troyes voient tout de travers ! Qu'est-ce que j'irais foutre en Belgique ? Moi, je collectionne, trie, classe les mots. Tous les mots.

Et je les mets à Brie-Comte-Robert. C'est en France.

Je fricote avec la prose posée comme la plus hachée, tricote des périphrases sans fin, asticote les pêcheurs de casseroles. Je suis la rature et je ne m'en plains pas, c'est signe que je suis une vraie croix. Un calvaire. J'incarne les vieilles carnes et on m'appelle Rossinante. Et je vais de gare en gare apporter les mauvaise nouvelles... Pourtant je caracole avec sur mon dos les plus grands. Lettres d'or ou feuilles mortes, je fais la pluie et le beau temps.

Je suis le texte perdu et la signature illustre, je suis le brouillon et l'oméga, je suis le commencement et l'histoire sans fin...

C'est paradoxal mais à grands coups de H je suis également la faute d'Horthographe, l'erreur dans le coeur du mot qui change le cours de l'O, et ma coquille folle parfois se fend d'une seule pièce. Ce qui est un grand tort pour moi. Mais heureusement j'ai aussi une armure de plumes.

Pointu, plat, rigide, terrible, intransigeant, pointilleux, tyrannique et surtout très ennuyeux, je suis le seul mot qui traque tous les autres. Et c'est pour cela qu'on me dit traître.

Je suis la règle.

818 - Les mots m'appartiennent

Les mots m'appartiennent et j'en fais des monstres de poire, des montagnes de silence, d'hyperboloïdaux alambics, de surprenants tétrasyllabes ou de monotones moutons.

Toi qui dis que ma quête dicte ta loi, je réponds que ta foi pique ta queue, que ta pie est taquée et que ton foie est lésé. Oui, lésé. Pourquoi lésé ? Parce qu'il est aisé de prolonger les mots avec des L quand la plume s'en mêle.

Je suis le nénuphar des lettres, la lumière des baleines, l'astre des huîtres.

Et le sapin des forêts.

A moi seul j'illustre le blanc et le noir, le vent et la foire, le beau et le bien, le bas et le rien, le mince et l'épais, le prince et l'épée.

Seul maître au port, je borde les sirènes, fascine des boutons, boute des florentins, sors des flots, boude à bâbord, m'enflamme pour un bout de bois, m'endors d'un seul bond. Et nage à vie.

Les mots m'appartiennent. Ils m'habillent, me maquillent, me stabilisent. Ils me masquent, m'aspergent, me chou-fleurissent. Mon verbe est joufflu, gonflé, bossu, tordu. Et pourtant droit comme un i, toujours. C'est le verbe rire : l'ire des baudruches auquel j'ajoute de l'air.

Pour, dans un monde de betteraves à lucre, pouvoir respirer sans entrave.

Je suis la lettre des nénuphars, la baleine des lumières, l'huître des astres.

Avant moi, le désastre.

Appelez-moi Sophie car je porte une jupe pourpre, des souliers de parpaing, du vernis au front et à l'hémisphère de mon cul, pas de calotte.

817 - Les journalistes sont des canards

Le feuilleton Royal-Aubry, affaire symptomatique de l'insignifiance médiatique, aura eu surtout l'avantage de révéler le fond de vacuité que constitue la profession de journaliste.

"CARTE DE PRESSE", "ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE", "CODE DE DÉONTOLOGIE", de grands mots prononcés par des présentateurs de télévision, des jacasseurs de radios, des plumassiers de la presse pour donner de la noblesse à ce qu'ils appellent leur "mission"...

De grands mots qui cachent du vent.

C'est en trempant leur nez dans la soupe politique que les journaleux ont l'impression de vivre avec éclat leur métier, d'être à la hauteur de leurs rêves de cancaniers gouvernementaux. Brasser du potage politique, cela pose son journaliste. L'éditorialiste se complaît dans l'écume politicienne : sa verve y atteint des sommets de fatuité.

Les journalistes affectionnent les messes de papier. Personne ne comprend rien à leurs soporifiques, abrutissants, oiseux concerts de canards et cela n'intéresse d'ailleurs fondamentalement aucun être humain sain d'esprit , mais ils s'ingénient à servir régulièrement au public dupé leur pâtée débilo-politico-journalistique, juste pour faire croire qu'ils servent à quelque chose, qu'ils informent les gens de sujets essentiels...

Pris au piège du subtil matraquage médiatique et en pleine auto suggestion, le public placide encaisse.

Et l'évènement Royal-Aubry devient effectivement un événement.

Et l'affaire de l'affaire devient une affaire.

Et pour finir l'histoire du chien écrasé devient un roman.

samedi 22 novembre 2008

816 - Je suis un prince

Fils des étoiles, enfant de la Lumière, fruit céleste, il est naturel que je sois considéré comme un prince.

Le prince IZARRA.

Même si, accessoirement, certaines femmes m'appellent PHARAON...

Évidemment cela déplaira au possible à plus d'un détracteur que je me fasse appeler prince... Comment faire abstraction de l'ingratitude, de l'ignorance, de la bêtise de ce monde puisque, moi aussi, je suis de ce monde ? Par conséquent je prends en compte les griefs, railleries et médisances de mes adversaires. Avec la hauteur de vue qui me caractérise.

En effet, un vrai prince sait écouter la gueusaille hurlante. Magnanime, miséricordieux, hautain mais néanmoins bienveillant, toujours je répondrai à leurs crachats en répandant le parfum de ma noblesse.

Mes ennemis en veulent à mon auréole izarrienne mais je pardonne infiniment à ces hérétiques : large, puissant est le torrent de mon âme, minuscule est la rigole de leurs pensées.

Le prince IZARRA fait grand cas de sa particule et comme toujours ce sont ceux qui vivent sous des patronymes dupontesques qui sont les premiers à le dénigrer... La proximité mutuelle des principes opposés amplifie leurs gloires et déchéances respectives : l'or que souhaite côtoyer la boue rend encore plus vile cette dernière et l'onde fangeuse qu'assèche la face de Râ fait briller l'astre d'un éclat supplémentaire.

Je suis le métal de la vertu, le soleil qui fait pâlir tout artifice.

Je restaure les vérités : à travers moi le vice rougit de honte et la laideur baisse son regard borgne.

Je suis Art, je suis Poésie, je suis Beauté, je suis Vérité, je suis IZARRA enfin.

De ma seule particule j'écrase misère, nullité, mensonge, horreur. De mon aile virile j'ennoblis quiconque est digne de la flamme izarrienne. De mon esprit supérieur j'éclaire l'aveugle lectorat, guide les égarés livresques, conseille aux érudits d'aller se régénérer à la source izarrienne. Je débouche les oreilles des sourds au son de ma lyre. Et de ma trompette fameuse réveille tous les abrutis de la Terre.

De mon front pur émane l'autorité cosmique.

Mon âme décidément débordante de noblesse fait loi. Ses éclairs sont bleus, blancs, rouges.

Et jaunes.

Je rétablis les honneurs perdus, châtie la vulgarité, distribue caresses ou jette le blâme.

Je suis le Salut des lettrés, je suis l'Épée des plumes, l'ennemi des enclumes.

En un mot je suis la Plume, je suis l'Étoile, je suis IZARRA.

Un vrai prince.

lundi 17 novembre 2008

815 - À Cayeux-sur-Mer

C'est à Cayeux-sur-Mer, petite station balnéaire du nord de la France, que je découvris la mer.

C'est là que, enfant, j'eus un premier contact avec l'immensité. Certes je connaissais la voûte nocturne et aussi l'azur ensoleillé des jours de vacances radieux, mais les étoiles et les nuages sous lesquels je rêvais étaient encore trop abstraits, très loin de mes yeux puérils, tandis que le bruit des vagues était infiniment plus proche, mystérieux et familier, et l'écume qui bouillait entre mes mollets n'était point un songe inaccessible. La mer était là qui jetait mon corps sur le sable avec ses grandes claques glacées, ses rires salés, ses grondements terribles.

Jouant ainsi dans l'onde en furie et faisant face à l'horizon qui s'étendait à perte de vue, j'avais la sensation étrange de baigner dans l'infini.

Comme la réminiscence d'un éden perdu.

En plongeant dans l'océan, l'écho d'un univers sans borne résonnait en moi. J'étais le temps, j'étais Dieu, j'étais un enfant.

Cette sensation d'éternité ne m'était pas du tout étrangère. J'avais une dizaine d'années. Dix ans me séparaient de la source de ces "battements cosmiques". Du plus profond de mon être je le savais sans jamais l'avoir appris. Je m'étonnai de cette connaissance infuse. Un crabe suffisait cependant à détourner mon attention de cette sensation suprême. Je m'amusais à le suivre. Et le crabe entrait dans la Lumière, car c'était bien la Lumière que je voyais à la place de la lumière d'été.

Je me sentais à la fois extrêmement proche et à une distance incalculable de ce coeur invisible venu du bout de l'Univers qui se manifestait jusqu'à travers le sable sous mes pieds. Ignorant tout du monde, à dix ans je venais confusément d'avoir conscience de l'essentiel. Pour la première fois de ma jeune existence je me baignais dans la mer. Et la mer était pour moi l'épiderme de l'Univers, le premier degré vers un monde infini. Les nuées se mouvaient vivement dans l'atmosphère, le crabe roulait sous les vagues, les cris des mouettes se perdaient dans le ciel... J'ouvrais les yeux sur le monde. Pas les yeux du corps, ceux de l'âme.

Ce fut l'Éveil.

jeudi 13 novembre 2008

814 - Deux oraisons funèbres

Voici deux oraisons funèbres écrites pour mon père le docteur Ghérard de IZARRA décédé le 7 novembre 2008.

ORAISON 1

Un roman vient de s'achever.

Page après page, une aventure, une oeuvre, une vie s’est accomplie.

Ce livre inracontable que je vais tenter de résumer en quelques lignes, c'est celui de notre père le docteur Gérhard de Izarra.

Une histoire pas tout à fait comme les autres.

Personnage atypique, contrasté, contesté, souvent attaqué, rarement vaincu, acceptant sa différence sans le moindre complexe, le docteur de Izarra aura su en toutes circonstances demeurer fidèle à lui-même, c'est à dire entier, brûlant, indomptable.

Il avait la tête ailleurs, les pieds empêtrés dans les problèmes de ce monde, le coeur à la verticale. Les travers de la société lui pesaient, il la voulait chrétiennement, sincèrement changer. Il ne changea pas les hommes.

Mais les hommes, eux non plus, ne changèrent point ce contradicteur.

Fantasque, idéaliste, léger, emporté, rigoureux, grave, fantaisiste, épris de vérité, obsédé par de grandes et petites choses, émerveillé par les mystères de la nature et des hommes, enjoué, vivant, oui VIVANT avant tout, il jouait comme un enfant, méditait comme un sage.

Et priait comme une créature de Dieu qu'il avait intimement conscience d'être.

Dieu, la source de ses consolations, de ses éternelles, profondes interrogations...

Cet esprit brillant au caractère de chien vécut comme un héros de théâtre. Comme un roi dans une arène. C'était une légende, une statue, un décalogue. Ou plutôt c'était un homme. Tout simplement. Avec ses faiblesses, ses imperfections, ses maladresses, ses outrances, ses misères et ses gloires. Bref, tout ce qui fait une véritable personnalité. Et c'est aussi parce qu'il fut un homme que nous lui pardonnons ses excès. Et puis, reconnaissons que cet être pour le moins singulier n'était point une figure sinistre...

Des défauts certes il en avait, pour autant notre père ne manquait ni d'éclat ni d'envergure. S'il y a un jour solennel où l'on peut se permettre d'oublier les souvenirs amers, c'est bien aujourd'hui ! Alors oublions-les. On ne fait pas une personnalité sans casser des œufs... Notre père avait du tempérament. Si les qualités font l'ange, les défauts font l'homme. Et lui, c'était un homme, un vrai avec plein de défauts… humains. Un homme disais-je, une personnalité, un tempérament et non une ombre, non une image terne, non un semblant d'homme.

Lui, il vivait. Il bouillait. Il tonitruait. Corps et âme.

Il avait des oiseaux dans le coeur, des ailes dans la tête. De la plume également, couchant volontiers sur le papier ses fables de philosophe rêveur... Riche de son imagination, nécessairement il montait. Cela dit, il lui arrivait de tomber de ses nues : face au vertige du Mystère, effaré devant le miracle de la vie il vacillait, ne retrouvant l’équilibre que dans les bras de la religion.

Véritable légende, le docteur de Izarra ne sera pas passé inaperçu parmi ses semblables. Avec son esprit agité, ses engagements audacieux, ses ardeurs juvéniles, ses émotions fulgurantes, ses réactions impétueuses, il ne remportait pas tous les suffrages.

Mais il savait gagner les beaux esprits de sa pensée supérieure. Il laissait ses hôtes entre rire et larmes, qu'ils soient laudateurs ou détracteurs, simples observateurs de passage ou esprits curieux.

Et quand c'étaient des larmes qu'il inspirait, souvent ce n'étaient que des larmes de rires.

Avec les fracassants paradoxes de sa personnalité, mais aussi avec les âpres exigences et les francs succès de son destin qu'il assumait pleinement, notre père incarna le mieux, je crois, la flamme izarrienne : un état de grâce, une croix, une ivresse, un rêve fou, des fruits rares, un poème.

Une fierté.

Une grande, saine, inaltérable fierté.

Dans cette vallée de misères un homme s'est éteint. Quelque part dans le Ciel des esprits une étincelle s’allume.

Par le patronyme IZARRA, c'est un astre que l'on désigne en langue basque, est-il besoin de le rappeler ? Fermons la dernière page de ce roman grandeur nature sur cette belle allusion stellaire.

Le défunt pardonné, lavé de ses péchés, telle une particule de lumière monte au firmament.

Et les larmes ne sont plus que rosée dans l’azur.


ORAISON 2

C'est un homme que nous mettons en terre aujourd'hui. Un homme, pas un saint, pas une mauvaise graine non plus... Un homme, tout humblement.

Oui mais... N'importe quel homme ?

Oui et non. Et à vrai dire, non.

C'était notre père d'abord. Ce qui en soi est banal.

Une tempête ensuite. Et ici l'humilité deviendrait simple complaisance à la cause funèbre.

C'était une tempête disais-je, un esprit, un contestataire, un rebelle. Un astre et une misère, une cathédrale et un bouge, du noir et du blanc tout mêlés.

Entre gouffre et lumière.

Un être singulier, nécessairement riche de ses trésors, pauvre de ses haillons, fatalement.

Peut-on décemment résumer le disparu à une simple formule de circonstance ? Franchement, non. Définitivement pas.

C'était un homme tout humblement, c'est vrai.

Seulement l'homme était un IZARRA.

C'est beau et ça brûle. C'est âpre et c'est doux. Ca brille et ça explose.

Des reproches à lui faire, il n'en manquera certainement pas, depuis cette assemblée jusque Dieu sait où... Je ne nierai pas les travers de celui qu'on inhume. Pas plus que ses hauteurs d'ailleurs. Le docteur de Izarra avait les défauts de ses qualités. On pourra certes lui reprocher ses défauts. Pour autant, nul ne pourra lui contester ses qualités.

C'est le moment d'alléger nos coeurs. Aujourd'hui le docteur de Izarra est mort. Pardonnons-lui ses frasques dans un grand éclat de rire.

Ce n'était pas n'importe quel homme, non. Impossible finalement de le réduire à ce qu'il n'était pas. Le docteur de Izarra, c'était un personnage de roman. Mieux : un humble Homme.

Je dis bien, un humble Homme.

Avec une minuscule pour "humble", et pour "Homme", un grand H.

dimanche 2 novembre 2008

813 - La paix des burnes

La paix par l'épée ?

Maints défenseurs de la cause martiale au langage officiel, au ton solennel, au maintien étriqué, à la morale étatique rigide et au discours sottement autoritaire répandent autour d'eux le venin d'une pensée mortifère. Par martelages de propos patriotiques et grosses voix interposés.

Chez les jeunes gens qui ont l'esprit encore assez impressionnable -ou disons faible- pour adopter ce moule funeste et plus pernicieusement pour associer leur phallus à la forme d'un canon, ce genre de manipulation mentale fait des ravages.

Tourner en dérision les meneurs doués d'une naturelle autorité, ridiculiser et savoir résister à ces grosses pointures militaires à la voix sonore, à la carrure imposante, au charisme auguste, au verbe haut, à la mâchoire carrée et à la personnalité de fer, bref réduire ces promoteurs de la pensée martiale à de vulgaires paires de couilles ambulantes est encore le meilleur moyen de les contrer.

Leur sinistre charisme résulte d'un processus psychologique parfaitement primaire (et même parfois purement vestimentaire) qui fait que leur pouvoir est fondamentalement, humainement illégitime. Mais ils ont une grosse voix, des cocardes officielles sur la tête, des couleurs vives sur les épaules, une bonne paire de couilles. Cela suffit pour leur conférer un indiscutable prestige auprès des faibles, des dociles, des lâches, des sots.

Mes détracteurs patriotes convaincus par la morale de leurs précepteurs guerriers, quant à eux, portent une cocarde morale, des épaulettes verbales, des couleurs mentales et tentent d'exercer non sans abus leur petit pouvoir officieux de coquelets, bien dressés sur leurs ergots, en me martelant le discours étatique si cher à leur coeur probe, imbus de leur honnêteté cérémonieuse.

Seulement, leur morale mensongère n'a pas de prise sur moi. Je ne dis pas qu'ils sont mauvais, je dis qu'ils se trompent. Parce que je ne suis pas un volatile, parce que j'ai su neutraliser mes petites passions guerrières de coq moyen, je ne me rallie pas à leur chant.

Il y a trop de couillus mal contenus sur Terre. La guerre est simplement une histoire de couilles. Nous en avons fait une affaire d'État, de politique, d'idéologie.

Voilà encore une des grandes impostures de l'Humanité.

Fondamentalement, la pulsion martiale provient du fait que l'homme est un mâle. La guerre est une affaire d'hommes, pas de femmes. C'est tout simplement hormonal. L'explication n'est pas autre qu'une basse affaire de couilles. Ensuite on justifie par des raisons politiques, religieuses, idéologiques. Certains y croient vraiment. Ou font mine de croire à des raisons supérieures, alors qu'en fait la vraie explication de la guerre est dans le pantalon. Parce que l'homme est sévèrement burné, il a l'instinct guerrier en lui. Le mâle est un guerrier congénital.

Lorsque l'on plonge dans les racines du mâle, la guerre chez lui se résume à un combat de coqs. La politique, l'idéologie, la justice viennent après. La guerre est avant tout une histoire d'hormones.

De là, on pourra tirer toutes les conclusions possibles... Seuls ceux qui maîtrisent leurs flux hormonaux ont atteint une certaine sagesse. Pour les autres, pour ceux qui bouillent à l'idée de se faire toiser par un autre coq, moi je dis : il faut couper !

Si vous n'êtes toujours pas en paix avec les Boches, les musulmans ou les rouges, un conseil : faites-vous couper les couilles. Vous verrez la vie beaucoup plus sereinement. Neutralisez vos passions de petits mâles hargneux, et vous gagnerez une grande paix intérieure. Vous pourrez ensuite voir passer un panache de plumes arrogantes dans la basse-cour en toute indifférence.

Ou plutôt, en toute sagesse.

La meilleure façon de faire cesser les guerres est de castrer les belligérants. Transformer les loups en doux agneaux. Bien sûr il faudrait d'abord commencer par castrer les hommes politiques au pouvoir. Ensuite on descendrait dans la rue pour régler au cas par cas les menus problèmes de petits coqs belliqueux.

Militaires, si vraiment vous voulez construire la paix, coupez-vous les couilles.

Pacifiez le monde en commençant par vous pacifier vous-même. Et pour cela, une seule solution : couper !

812 - Le génie izarrien

Je suis un génie.

Par la qualité de mon esprit ? Par la hauteur de mes vues ? Par l'éclat, la profondeur de ma pensée ?

Fadaises ! Vanité !

Je suis un génie par la seule grâce de ma particule.

L'on pourrait penser que posséder passivement la particule ne saurait suffire pour faire d'un simple mortel un génie. Encore faudrait-il savoir la porter. Avec ou sans artifice. Ou la faire valoir. Avec ou sans panache. Voire stérilement l'exhiber à défaut de raison plus consistante...

Pas du tout !

La seule appartenance à l'espèce des "de" suffit. Le reste est pur bavardage.

Mon génie consiste en ma particule.

A l'état brut.

L'immense avantage de posséder la particule, c'est que son porteur n'a rien à prouver. Une alchimie mystérieuse s'opère chez l'élu qui le distingue définitivement du vulgaire. Quand un "de" vient au monde les fées de l'aristocratie baveuse, pédante et hautaine se penchent sur son berceau pour le marquer du sceau indélébile de l'izarrification. Ou, pour dire la chose autrement, de l'ennoblissement.

Bref, en authentique "de" que je suis, je n'ai rien à prouver et tout m'est dû.

Le miracle de la particule est là : le simple fait de la porter fait accéder au génie. La particule projette nécessairement son porteur dans les sphères supérieures et inatteignables (pour qui ne la possède pas) du génie.

En cela je suis un génie et on appelle d'ailleurs ce génie particulier, le "génie izarrien".

samedi 25 octobre 2008

811 - Société d'eunuques

Le floutage est partout.

De plus en plus systématique, il est en passe de devenir la norme.

Norme des ovins qui adhèrent sans broncher à la décérébration progressive, insidieuse des masses.

Visages, numéros d'immatriculations des véhicules, enseignes d'artisans, noms de marques, numéros de téléphones, le floutage se répand sur les supports les plus variés : depuis GOOGLE EARTH jusque dans les médias traditionnels en passant par la télévision, cette dernière ayant, semble-t-il, imposé le concept.

Cette pratique insupportable, forme grossière de censure qui ne dit pas son nom, est révélatrice de l'état d'abrutissement de notre société dévirilisée, infantilisée, faussement respectueuse des individus, de la loi, et surtout extrêmement frileuse devant les prêtres de l'économie et leurs logos sacralisés comme des icônes de saints ou des drapeaux solennels de nations.

Si bien que citer, montrer, dénoncer une marque est devenu un crime.

Cette censure qui risiblement se pare de grandes valeurs morales est en fait une condamnation du citoyen à devenir bête, docile, plus serviteur de causes viles que protecteur de réels intérêts humains. Le vrai but de la manoeuvre (initiée et orchestrée, me semble-t-il, par les maîtres des grandes marques commerciales et les médias complices) est de changer les mentalités face à l'importance croissante que prend l'économie dans la vie sociale.

Les rapports entre la publicité et les marques, les individus et leur image publique se codifient à l'extrême. Aujourd'hui il n'est plus possible de fumer ou boire de l'alcool dans un débat à la télévision, il est interdit de dire NÈGRE, VIEUX, INFIRME à travers cette même télévision (la télévision qui, rappelons-le, sans être un organe légal d'information ou de débat public s'est imposée comme LE vecteur "sérieux" de toutes les causes officielles) sans être accusé de racisme, de mépris ou d'irrespect. Nommer publiquement monsieur Dupont, Madame Duchemin dans une affaire mettant en jeu des intérêts aussi insignifiants que le respect de leur petite vie privée de français moyens fait courir le risque à l'imprudent d'être poursuivi en justice par ces "minables offensés" que je viens d'évoquer.

La protection de l'image du moindre quidam fait l'objet des plus chères attentions de la part des législateurs sacrifiant à l'air du temps. Et à ses inepties.

En bref, le floutage est un voile inique placé devant la vérité dans le dessein imbécile de mettre les gens à égalité devant la sottise ambiante.

En quoi montrer le visage de monsieur Dupont ou le numéro de sa voiture sur GOOGLE EARTH constitue une atteinte à sa dignité d'anonyme, à sa vie privée de plombier dont nul n'a que faire ?

Faut-il être profondément atteint par la stupidité générale pour se donner la peine de flouter chaque visage, chaque plaque minéralogique apparaissant sur les routes de GOOGLE EARTH ! Suivre le mouvement c'est se faire complice de la tendance et donc la renforcer.

Face à la montée de la crétinisation civile, je prône la "désobéissance izarrienne" : ne pas singer les eunuques, promouvoir la hauteur de vue et surtout dénoncer le floutage comme un pas décisif dans le processus d'enchaînement des esprits à des causes qui n'en sont pas.

mercredi 22 octobre 2008

810 - Le glaive de l'esthète

L'esthète aimait les femmes.

Il chérissait leurs pieds, suivait leurs pas, s'attachait à leurs chats, s'affichait avec leurs appas, pressait leurs châles, surveillait leurs passages, provoquait leurs larmes aussi : notre héros était un amant féroce.

Il y avait deux Z dans son nom en quatre parties. Il prenait ces Z pour des ailes. Ou plutôt il prenait les L pour des zèbres. Enfin, dans ses ivresses esthétiques il confondait les choses avec les idées, les étoiles avec les fioles, la Lune du soir avec la une du journal. Précisons que ce petit "Machia-nova" de par sa naissance avait hérité d'un trésor sans prix : une particule.

Et, chose notable, le sybarite tenait à exercer souverainement les droits conférés par le port de sa particule auprès non seulement de ses femelles conquêtes mais également des gens de peu, ses éternels ennemis.

Ainsi il exigeait que ce qu'il appelait "la gent impie", c'est-à-dire le peuple des sans-particules, lui rende d'inconditionnels hommages en vertu de sa glorieuse condition de "particulé". Évidemment, étant donné que rares étaient les "impies" acquiesçant à ses vues, il était fort peu souvent honoré par ce côté de sa personne.

Seules les femmes de coeur et d'esprit acceptaient de céder à son caprice d'artiste. D'elles, le raffiné despote revendiquait la jouissance de droits de plus en plus totaux.

Toutes cédaient. Aucune ne se plaignait. Il faut préciser que pour faire taire toute contestation notre dandy avait un magnifique secret.

Cet argument de taille propre à faire oublier les rigueurs de son caractère fantasque consistait en sa belle, grosse, puissante et très habile...

...Plume.

809 - Le procès fait contre Eric Zemmour à propos de son roman inspiré de faits réels

Dans le débat public, qu'il soit d'inspiration médiatique ou romanesque, je suis contre le "floutage" des vérités, des visages, des marques, des coordonnées en général. Certes il faut protéger le faible, respecter les légitimes pudeurs de chacun. Il ne s'agit pas non plus de jeter en pâture de potentielles victimes au nom de la vérité.

Mais dés lors que les gens sont adultes, responsables, vaccinés, ils doivent assumer totalement les inconvénients de la vie en société. S'ils adhèrent sans difficulté aux avantages et bienfaits de la vie sociale, il doivent également consentir aux rigueurs et contrariétés inhérentes à toute société cohérente. Cela s'appelle ni plus ni moins l'intelligence sociale et c'est la moindre des choses que de se plier à ses élémentaires exigences.

Si les gens aspirent au silence médiatique, à l'anonymat voire à l'oubli, bref s'ils veulent vivre "en paix" selon leurs critères strictement individualistes, personne ne les empêche de se faire ermites.

Le fait d'être cité dans un roman pour telle ou telle raison fait partie des risques de la vie. Ce refus maladif de la part des citoyens (de plus en plus déresponsabilisés) de prendre le risque de se faire renverser par les bolides du "hasard et des merveilles" sur le chemin de l'existence est significatif de la frilosité, du désir d'introversion des membres de cette société encadrée par des lois toujours plus infantilisantes.

Rappelons que vivre, c'est fatalement une aventure. A moins de souhaiter ne jamais sortir de sa coquille originelle, vivre c'est affronter le réel. Avec tout ce que cela suppose de bienfaits et d'amertume. D'ailleurs les épines de la vie, c'est ce qui constitue aussi sa richesse.

Pour en revenir au désir d'anonymat de certaines personnes citées publiquement, quelle valeur peut avoir un témoignage s'il est quasi anonyme ? Je ne vois pas en quoi la sécurité ou la renommée de tel ou tel acteur de la vie médiatique, politique, de la vie sociale en général peut être mise en jeu dans le cadre de l'expression publique.

Que ceux qui n'ont rien à cacher, rien à craindre, au lieu d'opposer d'inutiles barrières à l'établissement de la vérité (ou dans le cas qui nous préoccupe à l'élaboration du roman) acceptent d'être inclus, nommés, cités dans les débats, romans, articles... Leur cause en deviendra beaucoup moins suspecte et cela coupera court au vacarme médiatique qu'il entretiennent perversement par leurs simples protestations...

Cette société de "floutage" systématique manque de virilité.

Très révélateur de son malaise : l'emploi de mots qui dénaturent le réel. Sous couvert de respect d'autrui, le verbe s'édulcore. Ainsi sont sortis les termes qui arrondissent les angles... Est-ce respecter un être humain que de le qualifier de BLACK, de SENIOR ou de BEUR ? Non, c'est le rabaisser à hauteur du "linguistiquement lisse", c'est le formater selon les critères lénifiants de cette mode niaiseuse consistant à aseptiser les êtres en dépit de leurs odorantes, visuelles ou culturelles différences.

Nous sommes dans une société hyper frileuse pleine de mollassons, de pantouflards où les hommes torchent des gamins et chialent devant leur poste de télévision pour un oui, pour un non !

Dans cette société d'assistanat mental la vérité fait peur, les idées font peur, les mots font peur. On édulcore la réalité, la pensée, le verbe.

Une affreuse vieillarde devient une gentille MAMIE. Un vieux sénile baveux est transformé en sémillant SENIOR.

Un homme n'est pas un produit calibré, empaqueté, uniformisé, c'est un univers individuel avec ses contradictions, ses outrances, ses bassesses et ses hauteurs. Et son odeur.

En qualifiant un NOIR de BLACK, une FEMME OBESE de RONDE, un VIEUX de SENIOR, une VIEILLARDE de MAMIE, on fait perdre toute sa saveur à l'individu ainsi désigné, on lui ôte sa singularité, on l'uniformise, on le standardise, bref on le fait entrer bien proprement dans nos petits moules étriqués si "politiquement corrects".


Le procès fait à Eric Zemmour procède de cet état d'esprit de notre société immature sous assistance législative où non seulement la vigueur du propos mais encore la VERITE des faits ont été remplacés par la mollesse du discours, le mensonge social.

808 - D'un lobe à l'autre

Pour en finir avec les vieilles chimères, prenons l'exemple météorologique : nuages et vent. A partir du souffle atmosphérique les éléments génèrent les forces par lesquelles entre en action l'onde indispensable à l'humidification des sols féconds. Ainsi les mots entrent dans l'élaboration du langage, générant les phrases, la pensée, la réflexion féconde, puis le vent. Le locuteur sous la pluie ne ressemble en rien à l'escargot qui bave puisque le mollusque terrestre ne possède qu'un seul pied pour argument majeur, tandis que le bipède, comme son nom l'indique, en possède deux.

J'en viens à présent au délicat problème des oeufs. Tout ce qui éclot n'est pas nécessairement essentiel. La mouche qui vole et qui pond, qu'a-t-elle de commun avec le passeur d'un pont ? En fait passager, passeur, passant, messager ? Le verbe conditionne la pensée et bravant toute bave escargotique, l'humidité céleste qui arrose le pied du passant pressé ou amolli n'est pas l'onde qui abreuve le sillon emprunté par la coquille vive. L'oeuf est sur un pied, il avance. Sans être limace, il pond, bave, et sorti de sa coquille il arbore alors deux antennes rétractiles. Peu pressé mais plein d'oeufs, il passe.

Afin d'aborder avec aisance l'élément solide, penchons-nous sur l'aspect sphérique du sujet de cette étude. Que voit-on ? Un escalier. Ascendant diront certains, descendant affirmeront d'autres. En fait tous les colimaçons mènent à Rome, et l'humble larve comme le fier hippocampe progressent en direction opposée à leur point de départ, et ce quelle que soit la direction prise par l'un ou par l'autre. Dans la Capitale italienne ce qui est vital aliène n'importe quelle limace atmosphérique. On y revient. L'atmosphère, l'onde céleste, le vent... La réalité météorologique nous aliène à ses lois car celles-ci demeurent au-dessus de nos têtes. De Rome au ruisseau, la dive coquille glisse de son unique pied et se perd dans l'anonymat d'une flaque insignifiante. Sauf que des pores limaciers partent en fumée et que les portes closes ne sont fermées que le dimanche.

A méditer sans retenue avec une feuille de salade mouillée sur le talon pour les vers et de plats haricots de terre sur la tête pour les pommes.

lundi 20 octobre 2008

807 - A ceux qui me reprochent de détourner le regard de la Yougoslavie

Foutez-nous la paix avec votre Kosovo et votre Serbie !

Personne n'y comprend rien, cessez de vouloir mêler les esprits sains à ces imbroglios politico-ethniques parfaitement ubuesques !

Laissons les gens du Kosovo et de la Serbie patauger dans leur fange entre fous qu'ils sont, n'étendons pas leur conflit jusqu'à nous. Il y a tant de belles choses à faire sur Terre, pourquoi aller s'embarquer dans ces histoires de dingues ? La Yougoslavie est pour toute personne saine un immense asile psychiatrique rempli de fous furieux, le "Sainte-Anne" de l'Europe. Je me demande si les gens là-bas y comprennent eux-mêmes quelque chose à leurs histoires incroyablement compliquées... On dirait une vaste farce ourdie par de sinistres clowns, un numéro de cirque funeste donné à une nation entière, mené par des "trompettistes de la mort".

Si je devais tenter de résoudre tous les problèmes du monde, cela ajouterait un énième problème au monde... Et ma vie n'y suffirait pas. Pourquoi irais-je patauger dans la fange des autres au risque d'amplifier un processus nuisible, de rendre encore plus complexe un inextricable imbroglio martial ? Pourquoi vouloir me faire entrer dans la ronde des fous ? Laissons les fous s'agiter entre eux. Entrer dans l'arène des dingues ne ferait qu'ajouter au vacarme, à l'absurdité de la situation. Quand les fous en auront assez de s'étriper, quand ils constateront que les autres pays n'entrent pas dans leur ronde infernale, ils finiront par se lasser, et pourquoi pas, par entendre raison.

Manipulation classique de la part des stratèges sans scrupules : mondialiser leurs conflits locaux .

Quand vous croyez prendre parti librement pour l'un ou pour l'autre camp, vous n'êtes en fait que le jouet d'habiles belligérants. Leur intérêt est d'exporter leur cause afin qu'un maximum de témoins s'y rallient.

Persuadées d'agir pour la justice, d'être dans le bon camp, de défendre la bonne cause, les belles âmes volant au secours des uns ou des autres se trouvent n'être -à leur insu- que des pantins au service du conflit et de leurs protagonistes...

Ne surtout pas entrer dans leur jeu !

Bref, que chacun s'occupe de son jardin et tout ira mieux.

Si vous vous mêliez moins des problèmes des autres, vous les idéalistes du dimanche, peut-être que leurs problèmes seraient moins difficiles à régler... Entrer dans le conflit des autres ne fait que l'amplifier, le complexifier, l'étendre.

Bref, cela ne fait qu'ajouter de l'absurde à l'absurde. Il n'y a que les fous pour vouloir se joindre aux fous.

C'est d'ailleurs exactement comme cela qu'est née la Première Guerre Mondiale. La plupart des soldats ne savaient même pas pourquoi ils se battaient. Et les chefs d'états ? Je pense qu'eux-mêmes, tout comme les soldats, ne savaient pas trop pourquoi leurs nations s'entretuaient.

Moi je ne comprends rien, strictement rien au problème de la Yougoslavie et vous voudriez que j'y mette mon grain de sel ?

mardi 14 octobre 2008

806 - Le rêve d'Eugène

Le ciel est clair, l'air vernal, le paysage serein.

Eugène se repose, le front levé, les paupières closes. Il écoute le chant des oiseaux et la brise dans les arbres, respirant paisiblement sous sa moustache. L'air qui pénètre ses flancs semble le régénérer. Un nuage dans l'azur, le soleil qui chauffe doucement la campagne, cela suffit pour faire naître un sourire sur les lèvres du rêvasseur.

Il est au paradis, Eugène.

Il se repose, tout simplement. Cela faisait si longtemps... Enfin le calme, quelques vols d'oiseaux, le bruit du vent. Il en avait besoin Eugène. Avec ses mains calleuses, ses bottes crottées, son visage sale, il est comme un mineur de fond qui referait surface, passant en un instant du trou à rat au printemps.

Savourer encore cet instant de paix sous l'azur sans penser à rien, le front toujours levé... Le dormeur est tout à sa volupté.

Maintenant Eugène ouvre les yeux, le front dirigé vers l'infini. Le ciel éclate de beauté au-dessus de sa tête. Son regard parcourt lentement l'horizon bleu que parsèment quelques nuages.

La paix.

Instant exquis pour Eugène. La paix... Mollement son front se baisse, de vertical le regard se fait horizontal : l'image du ciel fait progressivement place à celle de la terre. La paix...

La paix ? La guerre !

Le bleu devient la boue, l'harmonie le chaos, l'éther la charogne.

Une grenade vient d'exploser à deux trous du rêveur. Puis une autre, suivie d'une série d'obus. La mitraille est revenue, assourdissante. Au vacarme du fer hurlant, au concert puissant des canons qui dégueulent le feu s'opposent l'horrible cliquetis des os qui se disloquent, l'affreuse discrétion de la chair qui se déchire. Justement, les deux jambes de notre homme viennent d'être arrachées, projetées loin du corps. De ce qu'il reste du corps, du moins : un bras est parti lui aussi, avec la moitié du visage, moustaches comprises. Décidément les rêves finissent mal au printemps 1917 à Verdun...

Eugène ne rêve plus. Ou plutôt si. Il commence un long, interminable rêve.

Mais il ne se réveillera jamais.

vendredi 19 septembre 2008

FUNERAILLES DE ROBERT JARRY, ANCIEN MAIRE DU MANS

Comme deux ou trois-cents manceaux en cette matinée du 19 septembre 2008, j'ai assisté aux funérailles de Robert Jarry au cimetière de Pontlieue.

LE CONVOI

Les manceaux sont venus en petit nombre.

Le ciel limpide et la fraîcheur de l'air semblent faire écho aux coeurs en deuil. Mais le soleil de septembre fait l'effet d'un baume sur la mort.

Etrange sensation de mélancolie.

Les regards sont pénétrés, les fronts baissés, certaines mines sont affligées, d'autres plus calmes. Dans la foule, quelques anonymes se reconnaissent et s'échangent des sourires amicaux. Le maire écoute l'hommage d'une amie de la famille Jarry, recueilli, ému. Bientôt le convoi s'ébranle. Les pas sont lents, pesants, feutrés. Dans l'assistance, pas un murmure. Un petit vent d'automne soulève quelques feuilles mortes qui retombent aux pieds des marcheurs.

Instant solennel, le dépôt du cercueil dans la sépulture.

Instant de grâce aussi, au moins pour moi : la scène mortuaire se transforme et m'apparaît sous une lumière inattendue. Tout semble irréel, doux et lointain, idéal et paisible. Comme si les suiveurs du convoi étaient désincarnés, hors du temps et du monde matériel. Profondeurs inconnues de l'âme aux prises avec les mystères oniriques... Je vois une troupe d'êtres célestes escorter une étoile jusqu'au seuil du firmament pour lui dire adieu. Les visages qui m'entourent n'ont plus de nom, plus d'identité temporelle : la poésie universelle a transfiguré les êtres et les choses autour de moi, et à travers les larmes j'entrevois le pur cristal d'une vérité poétique révélée.

Comme les autres manceaux, je m'approche de la tombe. Le gouffre ouvert à mes pieds ne m'effraie pas et la vue de cette chose qui gît au fond n'a point ce goût amer que j'avais tant redouté. Presque détaché, je jette un regard un peu distrait sur le bois couvert de chrysanthèmes, étonné par la sérénité de mon geste.

Au loin, le bruit atténué d'un TGV fait songer à un vol d'oiseaux au-dessus de l’assemblée. Quelques têtes se lèvent au ciel. Tout est fini.

On vient de mettre un ami en terre.

Raphaël Zacharie de Izarra

lundi 15 septembre 2008

805 - L'usine foraine

Les fêtes foraines sont devenues des usines à abrutir. Finie la poésie des manèges d'antan ! Les hauts-parleurs débitant insanités musicales et martèlements de synthèse ont remplacé tambourins et cymbales des artistes.

Assourdissements assurés.

Les machines à divertir "made in Disneyland" peintes comme des enseignes de discothèques proposent leurs tourbillons hollywoodiens aux mangeurs de gaufres blasés. Partout de la fureur et des néons pour mieux éblouir avec du vent.

Les forains ont des têtes de mafieux affairés et les guichetières dans leur antre minable ont des allures de maquerelles fatiguées attendant le client, pions peu aimables qui distribuent à la chaîne tickets et mauvaise humeur. Tarifs élevés pour plaisirs insignifiants. Matraquage de cervelles et saccage de tympans garantis.

Pour ces forains reconvertis dans l'exploitation des machines à sensations fortes la fête est un filon, ni plus ni moins qu'une pompe à fric. Acteurs d'une arnaque planifiée à l'échelle industrielle, les travailleurs de ce nouveau "secteur d'économie en pleine expansion" sont plus racoleurs qu'artistes. Plumer le pigeon des grandes villes avec des engins clignotants pilotés par ordinateurs semble être la raison d'être de ces marchands de rêves frelatés. Le talent des saltimbanques a depuis longtemps fait place aux machines sophistiquées crachant décibels numériques et feux factices. La fête foraine s'est dévoyée, uniformisée, américanisée.

Chez ces exploitants-investisseurs aux airs crapuleux (forains sur le papier, briseurs de rêves sur le terrain) le vrai roi de la fête ça n'est pas le gamin qui s'émerveille (il est déjà trop abruti et ne s'émerveille plus, gavé qu'il est de produits dérivés en tous genres), mais le chiffre d'affaires.

mardi 9 septembre 2008

804 - Berthe et Lalloche

- Lalloche, me fait pas de boniments, dis-moi quoi que t'as fait de mon chat. Il était malad' le Nesto'. Tu l'aurais-t-y pas bouffé par hasard ? T'en serais ben capab', espèce de raclure d'vieille sorcière va !

- Ecoute-moi ben la Berthe. Autrefois on t'appelait "la belle Berthe". C'était bien avant la guerre. Maintenant que t'es vieille et radine comme un râteau à deux dents, on t'appelle la "douze-à-six-sous" dans le pays. Même le curé y se serait plaint que tu donnes deux fois rien à la quête, radine que t'es comme un rat d'égoûtière ! Ton chat, je n'en ai pas besoin pour la soupe. Chuis honnête moué. Mes légumes du jardin y suffisent pour me tenir debout plus longtemps que tu crois. Tu seras crevée que je serai encore là à cracher dans le treux-à-crève de ta foutue tombe, ma pauv' ! Va aller chercher ailleurs que chez moué ton Nesto' plein de puces.

- Lalloche, tu ferais bien de pas trop l'ouvrir. A la communale je te mettais encore la taloche. Je suis de de 17, t'es de 19. J'avais une tête de plus que toué. Mais fière comme t'as toujours été, t'a toujours cru pouvoir faire la loi. Et tout ça pasque le père était garde-champêt' ! Tu croyes que ça donne de la loye dans le sang d'avoir un père gad'champêt' ?

- La Berthe, le père y était à la guerre de 70 et y te dis mede ! Mede et encore mede ! J'ai pas bouffé ton Nesto' poilu, va donc aller voir si il est pas dans la soupière du l'Eugène. C'te fumier-là il a déjà bouffé du chat en quarante. Y m'étonnerait pas que rien que pour te contrarier jusqu'à l'os, il aurait ingurgitaillé le Nesto'.

- Lalloche, il était pas seul à bouffé du chat en quarante... Qu'est que t'as trafiqué avec l'ennemi pendant les restrictions ? Paraît que t'aurais fait ton beurre en vendant du chat aux Boches...

- La Berthe, si tu la fermes pas je vais t'en donner moué de la soupe au moustachu sur pattes ! En quarante t'étais loin de faire pitié avec tes "betteraves" qu'on aurait dit de la patate au beurre... Y 'en a qui avaient l'air de bien se goberger avec l'ennemi pendant que les autres y crevaient sous les restrictions !

- Lalloche, je vas te faire damner par le curé si t'arrête pas de dire des menteries que c'est point vrai ce que tu racontes ! Pis si c'est vrai, j'étais point la seule à manger des patates au beurre en quarante... Alors remue pas le fumier du passé et dis-moi putôt si t'aurais pas bouffé mon Nesto'.

- La Berthe, l'Eugène il est pas dans le coup. Ton Nesto' y l'a passé à la casserole. Y m'avait regardé de travers. J'aime pas les regards de traviote. Tu m'avais volé un bocal de haricots blancs en 24. On est quittes.

803 - Un amour de chien

Précision (pas si superflue que cela) pour les moins fins de mes lecteurs : le texte qui suit est évidemment ironique : j'ai en horreur la gent canine.

J'ai raté ma vie d'homme.

J'aurais tant aimé avoir un chien, un bon gros chien qui viendrait me lécher la face à l'heure des repas...

Il faut que je précise à mes lecteurs que je raffole des chiens. Surtout des gros. Des très gros même. Leur bonne odeur naturelle, leurs aboiements dans la sérénité du crépuscule, leurs moeurs distinguées à l'heure vespérale -ou matinale- quand ils abandonnent leurs déjections aux abords du foyer, égayant les chemins, la cour, le seuil de la porte de leurs traces fécondes, signe de leur bonne santé consciencieusement entretenue grâce aux pâtées achetées en quantité suffisantes par le maître aimant...

Ha ! La douceur de la compagnie canine que je ne connaîtrais jamais au coin de la cheminée ! Etre réveillé à l'aurore par les glapissement joyeux de la créature désirant aller se soulager sous la rosée... Douce responsabilité du maître si aimant qu'en toutes circonstances il cède la place à son compagnon à quatre pattes !

Ho ! Combien la proximité des chiens me manque ! Comme je les aime ces braves grosses bêtes qui vous lèchent le visage d'un ample coup de langue pour un oui, pour un non !

Le sort m'a refusé cette grâce. Je ne suis pas assez fortuné pour adopter un bon gros chien : ma demeure est étroite et mes revenus de vieux célibataire au chômage me permettent à peine de faire surface !

Alors je vais parfois rendre visite à mes voisins : ils ont un énorme toutou que je connais très bien à force de l'entendre aboyer de bonheur sous ma fenêtre depuis tant d'années... Comme j'envie ce couple et surtout comme j'aime leur enfant chéri, leur cher enfant à poils, à crocs, à langue pendante...

Quand je vois leur gros chien qui de joie me montre ses bonnes dents bien blanches, je me précipite vers lui, bras tendu, larmes au bord des paupières, et je l'étreins dans un tourbillon d'authentique amour dans lequel homme et bête ne font plus qu'un !

Chaque fois que je le peux je viens embrasser le chien de mes voisins, et je serre, je serre ce corps massif tout soyeux, tout rempli qu'il est de tendresse canine...

Après de deux mois de ce manège, alors que j'avais pris une vingtaine de fois le chien dans mes bras, le temps de m'en faire un ami, un complice, le chien de mes voisins a succombé à un mal étrange.

On a trouvé dans son abdomen, bien cachées par la fourrure, de discrètes traces de piqûres.

Une vingtaine.

802 - Comment je vis sans travailler

Certains détracteurs me reprochent de "vivre aux crochets de la société" tel un parasite sous prétexte que je ne travaille pas et qu'en plus je me paie le luxe de critiquer ceux qui travaillent, s'imaginant que je touche une pension, des indemnités ou je ne sais quels versements sociaux. Je leur réponds ici.

Je ne touche aucune allocation que ce soit (du moins pas encore). Je ne suis même pas à la CMU (je l'ai été durant deux années). Mais même si j'en touchais, je n'en aurais pas honte car si je touche une allocation, c'est que j'y ai droit. Une allocation n'est pas un privilège mais un droit. Je me contente de fort peu de choses, n'ayant pas de goût particulier pour des biens matériels dépassant mes capacités financières (qui sont réduites), comme cela n'est absolument pas le cas de la plupart de ceux qui me critiquent parce que je ne travaille pas et qui se plaignent, eux qui travaillent, de ne pouvoir financer leurs achats inutiles avec leur SMIC...

Et même si je touchais une allocation sans y avoir droit, même si ceux qui me reprochent de "vivre sur leur dos" devaient payer cette allocation par leurs impôts, en quoi cela changerait-il leur existence ? Que je touche ou pas une allocation, ils ne paieraient de toute façon pas plus d'impôts pour autant puisque les impôts sont calculés par rapport au montant du salaire et non selon le nombre de "parasites" vivant dans ce pays. Et même si mes détracteurs devaient payer pour des "parasites" de mon espèce, même en ce cas, cela serait encore mesquin de leur part de râler.

Personnellement je ne serais pas du tout gêné de devoir payer pour des gens qui ne travaillent pas car cela est LEUR problème, pas le mien. Même si je dois contribuer à leur entretien sur le plan matériel, sur le plan moral je ne serais nullement gêné par LEUR mode de vie. D'ailleurs il m'arrive de donner des pièces à des ivrognes qui font la manche au sortir des magasins, qui traînent toute la journée en groupes de buveurs SDF avec leurs gros chiens au centre-ville du Mans... Tant que je paye leur oisiveté dans des proportions raisonnables, que cela ne met pas en péril mon budget, en quoi leur vie me dérangerait-elle ? Nous payons bien des impôts iniques, plus ou moins indirectement... Seulement c'est moins visible, moins spectaculaire, moins "scandaleux" de payer des impôts indirects et injustes à travers tiercés, LOTO, carburant, alcools, etc... Je ne juge pas les SDF alcooliques d'ailleurs. Je ne les méprise pas non plus, jamais. Ce sont des hommes blessés, vulnérables, et je ne connais pas les épreuves ou faiblesses de leur vie.

Que ceux qui me blâment de ne pas travailler cessent de fumer, ils feront beaucoup plus d'économie en une année de sobriété tabagique qu'ils ne payent d'impôts pour les "parasites" en 10 ans de cotisations sociales.... En plus ils ne nuiront plus à leur santé. D'ailleurs tous ces calculs faits au sujet des paiements de cotisations pour les "parasites" sont des calculs plus psychologiques qu'objectivement arithmétiques. Ce qui gêne vraiment mes détracteurs, ce n'est pas de perdre de l'argent en cotisant pour les "parasites", mais de voir certains ne rien faire pendant qu'eux travaillent, comme s'ils les enviaient...

Je sais que je vis en société, j'ai conscience de la grandeur de l'homme et de la noblesse de la vie sociale harmonieuse, j'ai une haute idée de la fraternité et mon but n'est pas de profiter de mes semblables (comme le font beaucoup de travailleurs honnêtes qui ne sont animés que par la carotte du salaire, sans nul souci de vertu sociale...) mais de vivre en intelligence avec mes frères humains, dans un esprit de concorde, de solidarité à la Saint-Exupéry, non dans un esprit de rapace. C'est dans cet esprit que je souhaite évoluer dans cette société. Même si dans les apparences je suis un parasite, que mes détracteurs soient convaincus que je fais partie de ces "hommes de bonne volonté" épris de réelle fraternité, d'entente, de progrès social et humain. C'est d'ailleurs pour cela que je suis si peu tendre envers tous les destructeurs de liens sociaux, envers les abêtisseurs de foules, les malfaisants qui ont la loi avec eux...

Quant au vrai parasite, celui qui crapuleusement profite de la société sans aucun esprit de fraternité, sans désir de contribution, sans gratitude, c'est SON problème. C'est son stade d'évolution sociale et humaine à lui, ça le regarde. Je n'ai pas à lui reprocher d'avoir peu de conscience, ni son poids économique sur la société d'ailleurs. Qu'il travaille ou pas, je ne payerais de toute façon pas plus d'impôts pour financer son oisiveté, si j'étais imposable.

L'on peut fort bien travailler, toucher un salaire, subvenir légalement à ses besoins et être un vrai parasite social, un réel malfaisant, la loi des hommes ne rejoignant pas toujours la morale.

J'insiste : si je touche une allocation, je n'ai pas à en rougir. Une république sérieuse et digne de ce nom ne donne pas des allocations à des profiteurs. Si un jour je touche des allocations et que je ne les mérite pas, alors que la société fasse son devoir et qu'elle me demande de lui restituer les sommes indûment allouées. C'est aussi son devoir que de vérifier ces choses. Quand une administration gouvernementale donne de l'argent à un citoyen, la moindre des choses pour l'Etat maître de ses deniers, c'est de vérifier le bien-fondé de cette générosité étatique.

Quoi qu'il en soit, j'ai conscience de vivre dans une société égalitaire, juste, loyale, humaine. Je n'aime pas la tricherie économique, sauf pour les déshérités qui n'ont que cela pour vivre (j'ai écrit un texte à ce sujet "VIVE LA TRICHERIE"). Tricher parmi les hommes dans ma situation, c'est se saborder soi-même car les hommes, c'est l'humanité, donc une part de soi. La tricherie n'est juste que lorsqu'elle est la seule réponse à l'injustice, ce qui n'est pas mon cas actuellement puisque, et cela répondra aux interrogations pragmatiques de mes détracteurs les plus réalistes, je vis tout simplement de la Providence.

801 - Soutien aux patrons fortunés

Dans ce texte je réponds sur un autre blog à un détracteur particulièrement hargneux, injurieux, sottement convaincu par les apparences grossières de ce monde et qui ne jure que par la victimisation du prolétariat. Sous prétexte que je critique les revendications ouvrières et encore bien d'autres choses, il me reproche de vouloir faire l'apologie de la loi du plus fort, du nazisme, de l'eugénisme... Tout en récusant ses "ânesques" accusations, je défends ouvertement la légitimité morale, l'utilité économique, la souveraineté du patron, même lorsque celui-ci pioche dans la caisse de l'entreprise pour augmenter sa fortune personnelle...

+++++++

Cher détracteur,

Je privilégie avant tout la courtoisie. J'accepte les injures ai-je dit dans un autre commentaire. Je n'ai jamais ajouté que j'acceptais de répondre à ces détracteurs bêtement agressifs, stérilement haineux. Mais, noblesse d'esprit oblige, je vous réponds quand même.

J'ai toujours respecté mes interlocuteurs, toujours argumenté au lieu de hurler, toujours été chevaleresque avec mes détracteurs, ce qui n'est pas nécessairement le cas de ces adversaires qui croient parler quand ils ne font que braire...

Je demeure courtois contrairement aux chiens qui s'ingénient comiquement à me railler systématiquement. Je cherche aussi, je ne le nie pas, à ridiculiser les adversaires de votre espèce tirant aveuglément sur leur cible atavique.

Je suis là aussi pour dénoncer les vils comportements. Vous êtes un sinistre esprit, plus personne n'en doute à la lecture de vos abjections. A présent que j'ai contribué à faire tomber le masque, la haine stérile semble être votre dernier recours.

Je suis néanmoins très content que mes textes ne laissent pas indifférents ceux qui, précisément, se sentent visés. C'est le but : faire réagir sur les points les plus sensibles. C'est ce qu'on appelle la littérature.

Je suis le révélateur des vraies natures. J'exacerbe vos sentiments cachés, ce qui a l'avantage de faire ressortir votre véritable fond, de dévoiler vos noirceurs. Dans votre message il y a tout le concentré de la vilenie humaine : injustice sociale, bêtise gratuite, mépris de la différence, intolérance, incitation à la haine entre les classes...

Pas mal pour quelques textes de votre ennemi Izarra que vous prétendez très mauvais...

Vous avez bien tort de ne pas vouloir, comme vous dites, "perdre votre temps" à me répondre ! Moi j'ai du "temps à perdre" à redresser les travers de mes semblables. Au moins je donne l'exemple du dévouement charitable, quand vous donnez celui de l'égoïsme. Moi j'ai du "temps à perdre" à me pencher sur les tares de mes contemporains, du "temps à perdre" à dénicher pour mieux les dénoncer les imposteurs, les menteurs, les profiteurs, les abrutis, les "bêleurs", les dictateurs de la pensée...

PENSEE UNIQUE, sainte pensée unique, quand tu enchaînes les esprits, mènes la danse, entraînes le monde dans ton sillage rigoureusement, dramatiquement rectiligne... Mes textes ont au moins une vertu : faire sortir de leur tanière les tyrans de la pensée unique qui ne souffrent pas les discours sortant de l'ornière métiadico-politiquement correcte.

Les beaux esprits apprécient la verve izarrienne. La roture, en général, ne comprend pas le discours supérieur que j'adopte. J'ajoute que je n'ai pas peur des mots que j'emploie : je dis VIEUX au lieu de senior, NOIR, voire NEGRE au lieu de black, GROSSE pour ronde, etc. Je refuse l'hypocrisie consistant à édulcorer la réalité par l'emploi abusif de termes mensongers, aussi dure que soit cette réalité.

Recevoir en pleine face l'éclat de la vérité peut parfois être vécu comme une éprouvante expérience, une dure leçon de vie. Votre réaction est humaine. Personnellement je ne suis pas responsable du caractère tranchant de la vérité.

Je suis la cible atavique de ceux qui voient en moi l'ennemi héréditaire de LEUR condition socio-culturelle. J'incarne ce qu'ils haïssent le plus de génération en génération. Mes préférences personnelles, je ne le cache pas, vont vers les patrons, les gens fortunés, les érudits, les aristocrates, les mondains, les artistes et non vers les faibles, les perdants, les petits, vers ceux qui se posent en éternelles victimes du système, de la société, du travail, de leurs voisins, bref ceux qui geignent devant plus beau, plus digne, plus grand qu'eux.

En ce qui concerne votre question sur les "commentaires disparus de mon blog", je vous réponds que je n'en sais rien et je répète que je ne suis pas connecté en permanence. Il est donc fort possible que des détracteurs manquant de courage regrettent leurs commentaires et les effacent avant que j'aie le temps d'en prendre connaissance. Quel intérêt aurais-je à effacer des commentaires ? Bien au contraire, les commentaires ineptes, injurieux ou inconsistants postés sous mes textes sont mes meilleurs arguments de défense, par conséquent j'ai tout intérêt à les laisser en ligne.

Vous m'accusez de faire l'apologie de la loi du plus fort, du nazisme, de l'eugénisme...

Vos conclusions à mon sujet sont très graves. Surtout pour vous car cela signifie que vous êtes incapable d'interpréter correctement un discours à l'origine très sain. Vos ornières mentales assimilent à l'eugénisme, au nazisme une pensée qui a le tort d'être différente de la vôtre ! Ce qui est révélateur de la manipulation médiatique sur les esprits les plus faibles...

Je ne cautionne nullement la loi du plus fort, bien au contraire. C'est vous qui semblez assimiler la force, le bonheur, le bien-être, l'épanouissement personnel à la fortune, à la position sociale, au pouvoir. Personnellement je n'ai aucune ambition professionnelle. La conquête de biens matériels m'intéresse assez peu. Je ne manque de rien, mange à ma faim, ne cherche pas à avoir une voiture plus puissante, plus belle que celle de mon voisin. Pourquoi devrais-je revendiquer l'accès à des richesses matérielles, à des privilèges financiers qui ne me sont pas dus ? Je ne souhaite pas particulièrement voyager en première classe à l'autre bout du monde. Je ne suis pas jaloux des milliardaires qui se promènent en jet privé. Je ne convoite pas le compte en banque de tel ou tel ministre, ni de qui que ce soit d'ailleurs.

A partir de là je ne suis pas choqué que des patrons "s'en mettent plein les poches" comme vous dites. Ils ne me volent pas, je ne manque de rien, pourquoi devrais-je leur réclamer des comptes ? Et d'ailleurs, même s'ils me volaient quelques euros... Et après ? Je demeurerai vivant, je mangerai toujours à ma faim. Je serai, quoi qu'il en soit, toujours considéré par plus pauvre que moi (et cette fois je parle de VRAIS pauvres des pays du tiers-monde), comme un nanti.

Nos SMICARDS pleurnichards devraient avoir honte ! Ils se plaignent de ne pouvoir payer leur horrible maison Phénix avec leurs "petits" salaire... Bien des crève-la-faim de pays d'Afrique ou d'Asie aimeraient avoir leur "problèmes". Nos SMICARDS prétendument sous-payés, exploités par leurs patrons, eux au moins ne meurent pas de faim. Ils ont un toit, une télévision, parfois avec des bouquets de chaînes, une voiture, l'eau courante... Bref, vus depuis le Mali, nos SMICARDS endettés sont des pachas, des coq-en-pâte repus, gavés de richesses, blasés de bien matériels au point de ne même pas voir que leur malheur ferait le bonheur de millions de VRAIS déshérités.

Rien que le fait d'avoir l'eau courante potable chez soi, c'est un luxe suprême. Oui, un luxe inouï ! Evidemment, cela semble tellement banal, tellement dérisoire sous nos latitudes et à notre époque que beaucoup d'esprits parfaitement conditionnés par des habitudes d'accumulations de richesses inutiles, par des réflexes de gaspillage, par des goûts superflus, ne le voient même pas.

Il y a des "pauvres gens" dans notre pays, des petits ouvriers à la vue réduite, aux aspirations étriquées, aux idéaux minuscules qui crèvent de ne pas avoir la même voiture que leurs patrons, qui pleurent de ne pas pouvoir partir en vacances plus loin que les côtes bretonnes, qui estiment être victimes d'une terrible injustice parce que leurs revenus ne leurs permettent pas d'entrer dans les mêmes hôtels que leur sous-chef d'unité de production, bref il y a des "pauvres gens" dans notre pays qui veulent faire la révolution parce que leurs supérieurs hiérarchiques gagnent dix fois, cent fois plus que leur SMIC...

Nés dans un état républicain qui en plus de respecter leurs droits inaliénables d'êtres humains, leur offre l'eau courante potable, la vaccination, l'assurance médicale, la technologie, les infrastructures les plus modernes, nés dans un des états les plus riches, les plus justes, les plus démocratiques de la planète, ils se plaignent encore parce que le sort ne leur a pas donné de quoi satisfaire leurs exigences de jaloux, d'enfants gâtés, de capricieux ventrus...

Vous prétendez que je fais l'apologie de la loi du plus fort... Alors que c'est eux, les SMICARDS pleurnichards qui aimeraient prendre le pouvoir pour l'exercer avec iniquité et non égalité ! Eux défendent le règne de l'arbitraire consistant à donner à ceux qui ne le méritent pas des richesses qui ne leur appartiennent pas. Tel Ubu réclamant des privilèges indus, vous réclamez pour les ouvriers des parts qui ne leur reviennent pas.

Ils ont leur SMIC, c'est leur salaire, pourquoi devraient-ils gagner plus que ce qu'ils fournissent en travail sous prétexte que leurs patrons reçoivent cent fois, mille fois plus d'argent qu'eux ? Si un patron touche de l'argent indu, c'est SON problème, pas celui des ouvriers. De quoi se plaignent les ouvriers à partir du moment où ils touchent mensuellement ce qui leur est dû ?

Je n'appelle pas cela de l'esprit de justice, j'appelle cela tout simplement de la convoitise. C'est se mêler de ce qui ne les regarde pas. Si le patron vole dans les caisses de l'entreprise, c'est une affaire entre lui et la justice. A partir du moment où les ouvriers touchent leurs salaire, ils n'ont pas droit au chapitre. La malhonnêteté d'un patron ne saurait en aucun cas justifier des privilèges financiers à l'égard des ouvriers.

Vous jetez la pierre aux actionnaires qui selon vos termes "s'engraissent sur le dos des ouvriers". Venons-en au processus de création d'emplois : le patron crée son entreprise, ce qui nécessairement fait naître des emplois, puis après des années de plein emploi, le patron pour des raisons économiques décide de licencier.

Envisageons autrement le problème : le patron ne crée aucune entreprise. Il décide de devenir ouvrier pour réduire le stress, par manque d'ambition ou pour toute autre raison qui le regarde. Bref, le patron opte pour la non création d'entreprise : tous vos problèmes sont résolus. Ou plutôt, il n'y a pas de problèmes. Il n'y a plus que des chômeurs permanents.

Vous hurlez sur les actionnaires qui "s'engraissent sur le dos des ouvriers", sur l'injustice des licenciements, sur la "fortune honteuse" des patrons, mais toute création d'entreprise implique à des moments donnés l'étape de la naissance - que ce soit dans la douleur ou la joie-, l'étape de la croissance prometteuse, l'étape du plein emploi -la plus glorieuse-, enfin celle du licenciement. Elle implique aussi les actionnaires, les gagnes-petits, les profiteurs, les courageux, les malhonnêtes, les travailleurs, les faiseurs de fortunes, etc. Tout le monde y trouve son compte, profiteurs comme travailleurs. Et la morale n'a rien à voir avec le bourdonnement de la ruche humaine.

Toute entreprise, à l'image des êtres vivants, des états, des empires, des planètes, a une naissance, une vie, une période de prospérité, de déclin, puis finit par mourir comme meurent les êtres humains, les animaux, les modes, les idéologies.

Pour éviter tous ces désagréments inhérents à l'entreprise, vous préféreriez qu'il n'y ait pas d'entreprise du tout ?

Autant ne pas souhaiter venir au monde ! A ce compte, cessons de faire des enfants. Ainsi en ne les faisant pas naître, nous leur ferons éviter tous les problèmes liés à la vie : pas d'angoisse de la mort, pas de problème de chômage, pas de maux dentaires...

Personnellement je ne connais aucune entreprise humaine qui soit parfaite. Maintenant si vous préférez ne pas profiter de la créativité des patrons, de leur ambitions personnelles, de leur sens des responsabilités, libre à vous de ne pas les servir, ainsi vous ne contribuerez pas à
"engraisser les actionnaires".

Mais après il ne faudra pas mettre sur le dos des patrons votre situation de chômeur permanent.

lundi 8 septembre 2008

L'AFFAIRE GAUTIER-SAUVAGNAC EN TROIS TEXTES IZARRIENS

1 - GAUTIER-SAUVAGNAC : POUR QUELQUES MILLIONS D'EUROS...

De mesquins comptables reprochent à Gautier-Sauvagnac d'avoir empoché 1, 5 millions d'euros lors de son "parachutage doré". Et alors ?

Prenons donc un peu de hauteur, analysons... De petits ouvriers ne magouillent-ils pas de temps en temps de la sorte entre eux ou contre leurs patrons, à leur échelle ? A partir de quelle somme le scandale devrait-il être déclaré "choquant" dans une affaire ? A partir de trois euros ? A partir de deux mille euros ? A partir de 100 000 euros ? En quoi une grosse magouille faite par un grand patron avec un enjeu de 1,5 millions d'euros serait-elle plus immorale qu'un petit fricotage de quelques euros ourdi entre ouvriers ? Ceux qui reprochent à Gautier-Sauvagnac son argent gagné (et peu importe la façon dont il l'a gagné, on reprochera toujours leur argent aux riches) ne sont-ils pas de simples jaloux, de fielleux envieux, de misérables persécuteurs qui profitent de leur statut de "petits" pour se "faire un gros patron" ? Le fait que ce grand patron touche 1, 5 millions d'euros d'indemnités, cela réduit-il le salaire de ceux qui le lui reprochent ?

Aucunement. Ils n'ont d'ailleurs même pas l'excuse contraire : le fait de dénoncer Gautier-Sauvagnac n'augmentera en rien leur salaire, ce qui est d'autant plus grave pour ces dénonciateurs car à ce niveau c'est de la jalousie gratuite. Sous prétexte de souci de justice ces gagne-petits s'acharnent sur ce grand patron, et tout cela pourquoi ? Pour rien. Enfin rien que pour des bassesses, juste pour assouvir des sentiments vils qui en aucun cas ne les enrichiront d'un seul centime. D'ailleurs fondamentalement je ne vois pas en quoi le fait que ce patron ait touché 1, 5 millions d'euros puisse déranger tous ces gens... Un homme honnête n'a pas à s'occuper des affaires de son voisin, son salaire devrait lui suffire sans qu'il ait besoin d'aller mettre le nez dans le compte en banque de son prochain. Personnellement je ne serais nullement ennuyé que mon patron touche un million d'euros dans les mêmes conditions que Gautier-Sauvagnac. Pas même 100 millions d'euros. Ca marche aussi avec un milliard d'euros... Au contraire, je serais plutôt heureux pour lui. Je souhaite à monsieur Gautier-Sauvagnac de gagner le combat contre ces caniches aboyeurs sans dignité, de triompher de leur bêtise, de leur mesquinerie, de leur justice de minables.

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(Réponse faite à un interlocuteur heurté par mes propos)

2 - SALAUDS DE SMICARDS !

Quand bien même les indemnités colossales accordées de monsieur Gautier-Sauvagnac auraient pour conséquence de rogner sur le salaire des petits employés (toujours les mêmes d'ailleurs qui ne cessent de geindre sur leur sort), quelques centimes de moins pour ces petits, en quoi cela serait-il un crime ?

Pour faire des riches parfois il faut "appauvrir" un peu les pauvres, non ? Cela s'appelle le capitalisme. Si vous n'êtes pas d'accord, partez vivre sur une île déserte ! Je ne suis nullement révolté par cette affaire. D'ailleurs les "pauvres" ne sont pas si pauvres que cela. Ils sont surtout JALOUX des riches, c'est tout.

S'ils ne sont pas contents, qu'ils cessent donc de fumer et d'aller voir des films américains au cinéma, ils feront encore plus d'économies ! C'est connu, les pauvres ont des goûts de riches - ou pire : kitch - et c'est pour cela qu'ils sont pauvres, ces imbéciles ! De quoi se plaignent-ils ces petits salariés ? Ils ont un travail, non ? Qu'est-ce qu'ils veulent en plus ces ouvriers pleurnichards jamais satisfaits de leur sort ? Un salaire de patron ? Et puis quoi encore !

Le jour où les ouvriers seront contents, c'est que leurs patrons seront à la porte. Et lorsque leur rêve d'éternels smicards s'accomplira, qui les emploiera, ces imbéciles d'ouvriers à la vue aussi brève que leur salaire de minables ?

Soyons sérieux : chacun à sa place et le monde tournera bien.

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3 - AFFAIRE GAUTIER-SAUVAGNAC SUITE ET FIN (seconde réponse faite à un lecteur ayant réagi âprement aux deux textes précédents)

Je prétends juste qu'il est humain de vouloir s'enrichir même de manière peu catholique. L'on voudrait exiger de Gautier-Sauvagnac qu'il se comporte comme un saint... Monsieur Gautier-Sauvagnac n'est pas un moine chartreux plein de chasteté et épris de pauvreté mais un entrepreneur, un gros employeur, bref un grand patron. D'ailleurs qui est parfait sur cette terre ? Certainement pas ces cohortes de jaloux qui s'acharnent sur ce monsieur ! Il est très facile pour les pauvres - qui ont peu à perdre - de jouer les vertueux et d'exiger des gens mieux lotis qu'eux ce comportement au rabais... Les ânes se contentent de leur foin quotidien. Mais faites donc goûter donc de l'avoine à un destrier et la notion de "vertu" sera pulvérisée dans une explosion d'ivresse bien légitime !

La "vertu socio-économique" est faite pour les âmes molles, les éternels Sancho des petites causes. Il n'y a que les parcimonieux, les gagne-misère, les âmes frileuses, les coeurs ternes pour reprocher leur éclat aux princes.

Un patron par son simple statut de patron mérite, ce me semble, respect, récompenses, infinie reconnaissance de la part de ses employés. Sans lui, pas d'emplois possibles ! C'est aussi bête que cela.

En effet un patron n'est-il pas par définition et avant tout un employeur ? Un patron ne rend-il pas des services exceptionnels à ses employés par le simple fait qu'il leur donne du travail ? A tout seigneur tout honneur.

La fortune des autres ne me choque pas. Je ne suis ni envieux ni aigri. Les patrons font ce qu'ils veulent avec leurs affaires et puis de toute façon j'estime qu'un grand patron qui donne du travail à des petits salariés qui n'ont pas d'autre ambition que de payer leur maison Phénix et de toucher leur petite retraite a le droit de gagner beaucoup d'argent, lui au moins. Un château ne se finance pas de la même manière qu'une de ces horribles habitations de béton pour petits salariés n'ayant ni le sens du Beau ni celui de la grandeur !

L'argent est aussi fait pour être gagné et non pour être méprisé. L'argent va à ceux qui savent le gagner, l'apprécier, le dépenser, c'est dans l'ordre normal des choses. Si ceux qui reprochent à monsieur Gautier-Sauvagnac de gagner tant d'argent n'aiment vraiment pas l'argent, qu'ils ne se fassent pas de souci : ils n'en verront pas la couleur ! Ils méprisent les riches. Mais riches, ils ne le seront jamais, qu'ils soient rassurés... Alors de quoi se plaignent-ils ?

Quoi qu'il en soit la richesse financière de monsieur Gautier-Sauvagnac ne me regarde pas et ne devrait regarder en aucun cas ces petits employés mesquins assoiffés de revanche sociale ! Et même si ce patron ourdit des intrigues financières odieuses, en quoi cela me regarde-t-il ? Qui suis-je pour le juger ? A sa place bien des dénonciateurs en feraient autant et même peut-être pire encore.

Vous parlez de justice, mais n'y a-t-il pas pleine justice quand les employés d'un patron touchent ce qui leur est dû ? Le reste est parfaitement secondaire. Que chacun garde les vaches dans son pré et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je ne me sens nullement victime d'injustice lorsque mon patron touche 100 fois plus d'argent que moi. Et même si je n'ai pas de patron, cela ne change rien à l'affaire.

Chacun voit la justice selon ses intérêts, ses critères, selon son état d'esprit ou sa mesquinerie, me semble-t-il...

mercredi 3 septembre 2008

800 - Olivier, cette âme

J'ai rencontré Olivier Delemme sur la Toile il y a deux ans. Il passait d'improbables annonces pour trouver l'âme jumelle, qu'il ne trouva jamais. Sa maladresse, sa grossièreté, son outrance m'avaient touché. Tout en me liant d'amitié avec cet oiseau tombé du nid, je l'étudiais. Et plus je l'étudiais, plus je m'étudiais MOI. Et à travers moi, d'une manière plus générale, les rouages secrets de l'âme humaine...

Explications et extraits de textes postés à son sujet sur un groupe de discutions littéraire (forumlitteraire@yahoogroupes.fr) :


En suivant Olivier jusque sur un site d'annonces de rencontres amoureuses, voici comment je me suis présenté :

OLIVIER, UN PASSIONNANT SUJET D'ETUDE

Je m'appelle RAPHAËL ZACHARIE DE IZARRA, je suis venu m'inscrire sur ce site de rencontres spécialement pour pouvoir suivre de près les pérégrinations informatiques de ce personnage improbable (et pourtant bien réel !) nommé OLIVIER. Je le connais depuis quelques mois (je l'avais rencontré par hasard sur la toile). Ses annonces m'avaient fait tellement rire que je me suis décidé à étudier sérieusement cette personne. Aujourd'hui nous sommes devenus amis, plus ou moins. Je l'aide à rédiger des annonces plus conformes, à parler aux femmes, à les séduire un tant soit peu... Son extrême maladresse en ce domaine le rend réellement touchant. Je suis un observateur, ce personnage me fascine par sa naïveté, sa brutalité, son ignorance, sa désinvolture et son immaturité. A la fois monstre de foire et profondément humain, cet OLIVIER est un cas. J'ai ri avec les autres de ses maladresses, mais je ne me suis pas contenté de rire, j'ai dans un second temps souhaité l'aider. Il est en effet trop facile de se moquer des gens et de les laisser ensuite dériver dans leur illusions... Je tente de lui apprendre à parler aux femmes, même si l'entreprise est encore loin, très loin d'aboutir. J'ai ri férocement de son annonce au début, comme la plupart d'entre vous, mais pensez-vous que l'hilarité stérile puisse aider un tel égaré à progresser dans la vie ? OLIVIER est une âme candide et grossière, un coeur sans nuance, un garçon taillé dans le roc sexuel et la guimauve amoureuse, une sorte d'exclus du monde des sentiments policés, parfaitement étranger aux intrigues des jeux amoureux. Ce garçon en détresse cherche une femme comme un enfant chercherait un gros gâteau : sans contrepartie, immédiatement, impérieusement, gratuitement et à sens unique. Il est fort bête, inutile de se le cacher, ce qui ajoute à la difficulté de l'entreprise d'éveil de sa conscience. Tenter de faire mûrir un fruit aussi vert est une affaire de longue haleine, fastidieuse qui demande patience, altruisme, ouverture d'esprit. Ce que je m'emploie à faire. Cet OLIVIER est mon rat de laboratoire en quelque sorte. Avec lui j'expérimente l'aventure humaine appliquée aux relations amoureuses.

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Certes Olivier http://www.dailymotion.com/zachariedelemme n'est pas un interlocuteur facile.

Sombre, mauvais, gentil aussi -mais dans certaines limites-, borné, colérique, grossier et même parfois franchement abject, pour la plupart d'entre nous -pour ne pas dire pour nous tous- Olivier est l'incarnation même du Mal, de la Bêtise, ou de l'insignifiance, dans le meilleur des cas.

Bref, Olivier est un de ces hères informels et sans visage aux antipodes de nos belles et bourgeoises conceptions sur l'humain. L'exemple par excellence de ce que nous appelons avec tant d'orgueil une "piètre compagnie". Pathétique oiseau de son propre et morne monde fait de jours gris et de solitude, triste ombre apparue sur ce globe pour mieux s'y égarer dans d'insolubles brumes, Olivier est un citoyen invisible, un semblable qui n'existe pour personne, un être sans hauteur et sans défense, une voix qui n'a pas droit au chapitre.

A son sujet tout le monde est d'accord pour se moquer de lui, le mépriser, l'exclure. Sous des formes plus ou moins policées, plus ou moins aimables, plus ou moins hautaines, plus ou mois insidieuses... Et sous les prétextes les plus nobles : amour de l'intelligence, haine de la bêtise, mépris de la médiocrité, fuite vers les hauteurs, préférence pour la lumière...

Les mêmes se prétendent solidaires, fraternels, altruistes... Pas un ne prend la peine de se pencher sur lui !

Toutes les excuses étant bonnes pour le rejeter, le bannir, le traiter comme un "problème secondaire", lui Olivier, cet être humain, ce semblable, ce frère, ce mortel né sous le même soleil qui nous éclaire, qui se désagrègera sous la même terre qui nous ensevelira nous aussi, toutes les excuses étant bonnes, disais-je, pour faire de cet humain une sorte d'objet encombrant, il ne reste plus personne pour mettre en pratique les généreux idéaux que sont la fraternité, la solidarité, l'altruisme... Si bien défendus en théorie, si peu partagés dans la pratique !

Sa misère, personne ne l'appelle misère. Non, ce serait un mot trop beau pour Olivier, pensons-nous... L'indigence de Olivier, nous préférons l'appeler "sottise", "inintelligence", "saleté". C'est tellement plus confortable, plus rassurant, plus expéditif, et donc plus lâche, de voir de la simple bêtise là où il y a en réalité un océan de détresse, de vraie, d'authentique, de concrète, terrible, profonde détresse humaine.

Qui s'est penché sur le berceau de Olivier ?

Personne.

Absolument personne. Raciste, haineux, violent, bête : tels sont les reproches qu'on luit fait. Facile.

Trop facile. Je répète : qui s'est penché sur le berceau de Olivier ? Qui a daigné lui tendre la main, l'écouter non pas avec cordiale, froide, distante attention mais avec chaleur ? Qui lui a prodigué tendresse, amour, humanité, amitié, enfin toutes ces flammes chères à l'homme et qui le rendent meilleur, qui adoucissent les coeurs grossiers, affinent les âmes les plus épaisses ?

Que celui qui une fois, une seule fois, après avoir ri de ses travers et maladresses lui a ensuite tendu la main avec sincérité, avec coeur, avec humanité, sans hypocrisie, que celui-là, et que celui-là seulement se permette de lui reprocher ses noirceurs.

Olivier, je ne te jetterai pas la pierre, moi dont le coeur s'est tourné vers toi avec simplicité, sans fard ni vanité aucune. Olivier je te le dis en vérité, le royaume de l'Intelligence appartient aux être fraternels. Olivier, je te rétablirai dans ta dignité. Sous mon aile tu deviendras un astre.

Et sous ma lumière tu seras un homme.

Un homme, Olivier.

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PRECISION :

A ceux qui seraient tentés de me reprocher de faire la "promotion humoristique" de Olivier Delemme : http://www.dailymotion.com/zachariedelemme (compte DAILYMOTION que nous partageons lui et moi).

Certes je me moque gentiment de ce léger malade mental. Je ne m'en cache pas. Mais il faut savoir que cette collaboration "imbécilo-esthétique" va plus loin que les simples apparences.

Car enfin il n'en demeure pas moins vrai que je suis la première personne qui s'est sincèrement intéressée à lui. Rejeté par tous, Olivier Delemme souffre depuis toujours d'exclusion, accentuée par sa surdité.

A la "charitable" indifférence de ceux qui le rejettent d'emblée sans chercher à le connaître, pensant avec fatuité tout savoir de lui au premier abord, j'oppose un authentique sentiment, non seulement de curiosité, mais aussi d'amitié pour ce pauvre diable sur qui nul n'a jamais pris la peine de se pencher avec pitié et fraternité. Olivier Delemme est le révélateur de nos manques, de nos faiblesses, de nos petites lâcheté humaines. Par sa simple existence il met à l'épreuve nos belles théories sur la fraternité, sur la compassion envers les plus faibles, les malchanceux...

Sur mon chemin, jusqu'ici lorsque j'ai voulu présenter dans sa vérité Olivier Delemme, je n'ai trouvé que de nobles âmes pour le mépriser, le juger, voire le haïr. Face au concret, bizarrement tous les beaux sentiments chrétiens, humanistes, socialistes, communistes et même républicains s'écroulent !

C'est vrai que je joue férocement avec sa candeur. N'importe ! J'ai trouvé ce moyen pour communiquer intensément avec cet esseulé.

Je suis devenu son seul ami. Le seul. Le premier.

Une révolution affective pour lui.

A tous ceux qui me condamnent sous prétexte que sur le mode sarcastique je sors cet indigent de son mortel anonymat de pauvre diable qui n'a rien pour lui, que font-ils, eux ?

Rien.

Ils critiquent mes moqueries à l'endroit de Olivier Delemme, disent unanimement que je suis cruel, odieux avec lui... Tandis qu'eux, en adoptant une parfaite indifférence à l'égard de cet Olivier, sont persuadés d'être meilleurs que moi ! Or il n'y a pire arme psychologique que l'indifférence...

Je me moque de Olivier Delemme c'est vrai, en attendant moi je suis sa chaleur, son réconfort, son écoute. Son ami. Et je suis sincère. J'éprouve une réelle amitié pour ce crucifié de notre société que personne n'écoute, ne tente de comprendre, d'apprivoiser.

Toutes ces belles âmes prêtes à s'investir pour sauver des affamés à 10 000 kilomètres de là se défilent étrangement dès qu'il faut prêter un peu de temps aux plus humbles de notre société... Ces moralisateurs me répondront qu'ils n'ont pas le temps à perdre avec des imbéciles comme Olivier Delemme... Quel orgueil ! Quel mépris des faibles !

Hé bien moi j'ai du temps à consacrer à cette âme en ruine. Moi j'ai du temps à perdre avec ce miséreux. Moi j'ai du temps à consacrer aux plus petits, aux humbles, aux exclus.

Et j'ai même l'ambition de donner des ailes à ce lourdaud. Que dure notre collaboration humoristico-humaniste !